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Ecrire tout simplement - Page 5

  • Lettre 4

     

                                   Le 2 avril 2015,

                                                                                                                                                 Rose Finmelse,

     

                    J'ai une grande nouvelle à t'annoncer : je viens juste d'écrire la note finale de mon morceau, ou plutôt, ton morceau, celui que tu m'as inspiré. Il s'agit d'un simple solo de violon, modeste par sa durée et arrogant par sa vivacité. Je vais envoyer la partition à un musicien, il en fera une interprétation qui, je l'espère, sera digne de toi ! Cela fait des semaines que je travaille nuits et jours, d'arrache pied, éternellement insatisfait par ce que j'écris, aspirant à la perfection. Ô, comme j'ai hâte de te le faire écouter ! Je suis persuadé  que tu l'aimeras. Je l'ai composé à ton image; tu me diras si tu te retrouves dans ces notes. Tu en as de la chance, tu sais; j'ai toujours rêvé que l'on me chante quelque chose, qu'on m'écrive quelques mots, qu'on m'immortalise dans cette beauté inaltérable qu'est la musique. Enfin, je ne perds pas espoir, un jour peut être que cela se produira.

                    Je profite par ailleurs de cette lettre pour te fixer un nouveau rendez-vous, comme la semaine dernière, au parc Narcisse; avec un peu de chance, nous reverrons ce vieil homme qui nous avait fait jouer aux échecs sur une des tables de picnic. Je le revois encore, triomphant après nous avoir battu l'un après l'autre, juste avant que tu ne lui demande si cela le gênait que nous prenions notre revanche, ensembles contre lui. Je me souviens surtout, à vrai dire, de son visage rouge de honte et de colère, après que nous l'ayons battu sans perdre une seule pièce. "La chance des débutants, pouah", nous a-t-il alors lancé, alors que nous nous retenions de ne pas éclater de rire. C'est vrai que nous avons été impressionnants, à deux, d'une efficacité et d'une intelligence dignes des plus grands binômes ! Mais nous devrions peut-être éviter cette partie du parc, à l'avenir, je me crois bien incapable de ne pas exploser de rire si nous le rencontrions de nouveau !

                    Je vais surement me répéter une nouvelle fois, mais j'adore vraiment passer du temps avec toi. Cela fait déjà quelques semaines que nous nous voyons chaque week-end au parc, quelques semaines qui, en ma mémoire, se résument à quelques week-end. A mieux y réfléchir, cela me semble même étrange : cela fait des années que je vis seul, sans ressentir le moindre besoin de m'adresser à quelqu'un, sans même ressentir la moindre envie de sortir dehors, des fois des semaines durant ! Mais aujourd'hui, tout est différent; ton existence est entrée dans le cercle très fermé des choses qui m'importent réellement. C'est amusant : ce changement en mon attitude a été si brutal que je suis capable de comparer mes deux états d'esprits, l'ancien étant encore frais dans ma mémoire, datant quasiment d'hier. Et, tentant d'être objectif comme je le peux, il me semble que ce changement soit une évolution. J'ai comme l'impression d'avoir ouvert les yeux sur le monde, un monde que je ne connaissait pas, ou plutôt ne souhaitais plus connaitre. Mon repli sur moi était surement une conséquence de la peur, une réponse au rejet social dont j'ai longtemps été victime, un abandon, en quelque sorte. Mais désormais, une chose est sûre : si l'on trouve dans le monde des êtres comme toi, le monde mérite que l'on se batte pour en faire parti.

                    Si tu en as l'occasion, n'hésite pas à m'appeler ! Je ne peux toujours pas le faire; en effet, le numéro que tu m'as gribouillé sur un coin de papier l'autre jour est illisible, j'ai tenté de nombreuses combinaisons, entre les neuf, six et zéro, entre les deux, cinq, sept et un, mais rien ne me fait aboutir au son de ta voix. Celle-ci est, soit dit en passant bien plus belle que ton écriture ! Je prendrai soin ultérieurement de noter ton numéro sous ta dictée, et je pourrai enfin me passer de ces lettres qui, bien que je préfère de loin écrire à parler, mettent bien trop de temps de réponse dans nos discussions.

                    Je vais désormais me lancer dans une œuvre bien plus conséquente, un concerto pour orchestre, je pense bien. L'inspiration que tu me fournis est sans limites ! J'ai encore du mal à me rendre compte de la chance que j'ai de t'avoir rencontré, une chance dont tu n'imagineras jamais les réelles limites, tant elles sont immenses.

                    Je reprend donc mon travail, dans l'espoir fou que ce que j'écris puisse retranscrire ta magnificence,

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            M.S.

  • Lettre ouverte à mes dix-huit ans

    Un peu (beaucoup !) de retard pour cette lettre ouverte, que j'ai préféré peaufiner avec des idées fortes plutôt que finir à la va-vite; un texte qui restera fondateur de mon attitude, je pense. Enjoy :)

     

     

    Pour moi, pour ceux qui en ont le temps, ceux qui en ont envie,

    ceux qui en ont besoin et pour ceux qui veulent me comprendre.

     

                    C'est fini la rigolade. Fini l'excuse de l'enfance face aux problèmes. Fini la vie qui n'est que le rêve de vivre. Fini l'attente, fini l'impuissance, fini la non existence. Fini, le sentiment d'être face à une porte fermée, fini, la peur de savoir ce qui est derrière, fini, de se cogner la tête contre la paroi. Fini aussi les gorges serrées, les regards au sol, les doutes dans mon esprit. Fini.

                    Le Phoenix est mort, de ses cendres renaissent son idéal, toujours plus fort. Ses ailes ont touché le soleil, il s'est enflammé, dans une dernière larme de compassion. La compassion de voir le monde bruler lui aussi, bien plus lentement. La larme s'est évaporée, bientôt suivie par le reste. Rien ne survivra au soleil, c'est lui qui a créé le monde. Un être meurt ainsi qu'il nait, si ce n'est que dans l'autre sens. La vie n'est qu'un aller-retour; le but est d'aller au plus loin. Le retour vient par lui-même, il ne faut s'en inquiéter.

                    Il aurait pourtant suffit d'une de ses plumes, d'une seule, pour écrire le paradis, fut-il écrit dans l'encre du sang. Dans l'encre de son sang. Dans le flot de son existence, dans la source de son symbole, dans le magma de sa vigueur. Sa souffrance aurait alors été la libération de l'humanité, un sacrifice de l'existence pour la défense de l'idéal. Son sang aurait coulé parmi les larmes de joie, ses pleurs auraient résonné parmi les éclats de rire, son cœur se serait tu parmi les tambours qui animent les danseurs. Le monde aurait été épargné. Mais personne ne daigna toucher la plume. Personne ne prit cette peine. Car rien ne justifiait d'en faire autant. Mais trêve de regards vers le passé; il ne faut pas, il ne faut plus.

                    A l'heure de la renaissance, vient s'inviter l'ami douloureux portant comme nom souvenir. Il est le juge dans cette affaire, celui qui nous donne sur un plateau d'argent tout ce qui a été, tout ce qui fut bon comme tout ce qui fut mauvais, la Vérité donc. Il a les clefs de notre esprit, s'arroge notre jugement, nous ne pouvons ne pas l'écouter, ne pas le croire, ne pas le regarder. Mais tout compte fait, il ne blesse pas. Il est simplement là, toujours présent, toujours pesant, quelquefois nostalgique, mais jamais blessant. Non, il s'agit de son ami qui apporte la blessure, son ombre, son alter ego, l'équilibre dans la balance : le regret. Le regret est un ennemi, une pourriture, une mâchoire aiguisée se refermant autours de notre cou. Il est là pour nous faire nous retourner sur notre passé, pour nous faire reculer, pour nous empêcher de renaître. Le confondre avec le souvenir, chose aisée, est une erreur fatale. Il faut les séparer, les identifier, les différencier. Ainsi, nous ne garderons que le souvenir. Et nous pourrons renaitre.   

                    Le Phoenix ouvrira les yeux, oh que oui, mais avant cela, il reste seul, immobile, flirtant avec la mort qu'il vient juste de quitter, pour comprendre. Comprendre pourquoi il renaît, c'est à dire comprendre pourquoi il était mort et pourquoi il sera vivant. Le premier sentiment qui l'a effleuré fut la haine, la haine de ce qui l'a tué, la haine de la souffrance, la haine de l'impuissance qui l'a frappé. S'il est mort, c'est qu'il y eut une erreur : on ne meurt pas par hasard. Alors la faute est rejetée sur le monde, sur tout ce qui existe, tout ce qui ne l'a pas sauvé en fait, car rien ne l'a sauvé de sa chute. Personne. Il est aisé de haïr l'inaction, elle ne peut se défendre. Alors cette haine, alimentée par le vide de raisons, se développe, envahit le Phoenix telle une vague d'écume, invincible et cruelle. Et celui-ci reconnait l'origine de sa perte, ce qui l'entraîna dans sa chute puis dans sa mort, un ennemi parmi d'autres qui était présent lors de sa déchéance. La flamme nouvelle brulant en lui écarte alors ce sentiment, tel un phare dissipant les ténèbres maléfiques. Ces ténèbres, qui ne peuvent être vaincues et resteront enfermées en son cœur, lourd fardeau enfant de sa renaissance.

                    La haine une fois enchaînée, le Phoenix cherche toujours à comprendre sa mort, et il se retrouve face à la question existentielle de sa faute.  En effet : et s'il était lui-même à l'origine de son embrasement? Son idéal, qu'il chérit tant, serait-il voué à l'échec, apporterait-il chaos et fins, amènerait-il lui même à la chute? Une chose est sure : répéter le passé ne mènera qu'à une nouvelle mort. Il faut changer, s'améliorer, évoluer. Si le message qu'il souhaite prôner est flamme, il faut qu'il prenne soin de se préserver des brulures. Il se pose donc des question simples : que veut-il ? Etre heureux, ainsi que tous ceux qui le peuvent; qui est-il ? Un Phoenix, un être de vie et de puissance; sur quoi se reposera-t-il? Sur ses cendres, sur son pouvoir, sur ceux qui souhaitent l'aider; comment fera-t-il ? Ainsi que son âme le poussera, libre de toute entrave extérieure. Son regard sur son être rassuré, l'harmonie l'envahit et le calme se répercute dans ses membres. La flamme vacille alors : il est en train de faillir avant même d'avoir commencé ! Le fait d'être rassuré l'a endormis l'espace d'un moment, tel un poison délicieux. La puissance qu'il se connait s'est estompée entre deux battements de cœur, la flamme est devenue froide. Cette connaissance le terrifie; il est de nouveau face à l'un de ses ennemis, un des plus retords car l'un des plus attendrissants : la satisfaction. Il la rejette d'un battement d'aile, et se jure à lui-même : jamais je ne cesserai de lutter tant qu'il restera un travail à accomplir, tant que mon idéal ne sera qu'idée; à présent, repos rime avec contretemps fâcheux et renoncement avec jamais.

                    L'ardeur du Phoenix atteint alors son comble, sa flamme brille plus que jamais, et ses ailes le propulsent au firmament. Sa grâce et son énergie font de lui un feu céleste, un éclat divin indétrônable. La nature elle-même plie face à lui, les vents se courbent, les animaux s'inclinent, les flots se tarissent. Le monde entiers en est transformé à sa racine, imprégné de cette puissance nouvelle, telle la lune cédant son royaume au soleil. Or, cela ne doit pas être, cela ne peut être : l'ordre établi ne peut plier en l'espace d'une seconde, l'univers ne peut être dompté par l'usage de la force. L'impétuosité du Phoenix est étouffée par le retours des choses : les vents le chassent, les animaux le huent, les flots l'attaquent. Quelle idiotie que son attitude, la précipitation est mère d'erreurs. L'unique point commun qui unit les êtres entre eux est la soif du pouvoir, car celle-ci est la traduction du choix de vivre. Alors le Phoenix redescend sur le sol, d'un geste d'humilité compris de tous, et son acte met fin à la répression dont il était l'objet. Il a fait preuve d'orgueil, et cela faillit le conduire à sa perte. Il avait en effet oublié une chose capitale, ce qu'il aurait du faire avant de partir, ce qui aurait du être les prémisses de son ascension; il n'avait pas ouvert ses yeux. Or, comment agir sur ce triste monde sans le voir, comment le changer sans le connaitre, comment le dominer sans le comprendre? Comment l'affronter sans le sentir, comment l'aimer sans l'admirer, comment le haïr sans l'accepter? A force de contempler sa propre existence, ses propres erreurs, il en est venu à oublier le principal, le réel, tout ce qui n'est pas fruit de son esprit, tout ce qu'il subit, de ce fait. Il ne doit plus se permettre d'être aveugle, cela reviendrait à perdre de vue ce qu'il attend de lui.

                    Ses yeux parcourent alors l'horizon, avides de connaissance et de découvertes. Ce contact ne peut être que créateur de jugement, sinon il serait inutile. La profondeur de l'existence se reflète dans la profondeur de son regard, deux infinités face à face, deux contraires unis par leur confrontation. D'un côté le nouveau né, de l'autre l'éternel. L'ancienneté étant puissance, le Phoenix se doit de lutter  contre les sentiments qui le prennent, un mélange d'admiration et de rejet, se doit de ne pas perdre pied face à ce raz-de-marée qu'est le préétablit, de ne pas être subjugué par ce qui est beau par l'âge et non par le mérite. Il élève un mur de protection, une vitre de diamant, un rempart à sens unique : son action doit s'étendre sur le monde sans que le monde ne le détruise. Son regard devient serein : il peut dominer sans être dominé. Sans se reposer sur cette victoire, il continue son exploration porté d'un sentiment de sécurité quand, soudain, il est stoppé net par la beauté d'une rose, au sommet d'une colline. Il comprend alors que tout n'est pas destiné à sa perte, et que le monde offre parfois des cadeaux qu'il serait insensé de refuser. Il est pris d'une lueur d'espoir, lui faisant modifier sa tour d'ivoire, et adopte le concept de la confiance. Cette relation, qu'il offre à tous, est en fait un défi qu'il lance à son prochain, le défi d'être son allié. Et c'est ainsi qu'il trouve sa place, auprès de ceux qui ne le déçoivent pas.

                    Plus rien ne peut arrêter le Phoenix désormais, du moins c'est ce qu'il croit. Sa présomption est aussitôt contrée par une vision venue de son futur, une vision salvatrice, ultime don de l'univers envers son salvateur. Il se voit lui-même amouraché de la rose, mourir à petits feux des lacérations létales qu'infligent ses épines. La même rose qui, le jour même, était son alliée la plus fervente, devient alors sa fin. L'incompréhension empoisonne le Phoenix, la trahison le torture d'un vive et soudaine douleur, qui provient du plus profond de son être. Alors la vision s'estompe, et il retrouve devant ses yeux la rose délicate. Mais cette rose, qui a pour destin de devenir le cauchemar du Phoenix, n'est à ce jour que son alliée la plus précieuse; elle et son futur elle sont deux personnes bien distinctes, une étant l'alliée, l'autre étant l'ennemi. La confiance est un trésor qui ne disparait pas avec l'amitié, devenant ainsi une faiblesse quand cette dernière vient à disparaitre, tel un collier qui, arboré fièrement, vient étouffer petit à petit son porteur. La barrière invisible du Phoenix, ouverte au monde de ses amis, vient donc être renforcée par une ultime maille invisible, protégeant  son cœur de toute agression, même provenant de l'intérieur.

                    Il est fin prêt. Gardant à l'esprit ses ennemis, le Phoenix prend son envol majestueux vers son objectif incertain mais convoité. Enfin, le Phoenix ne se considère pas prêt; on n'est jamais prêt pour ce qui est imprévu, et l'imprévu ne peut être évité. Ses acquis viennent être consolidés par la prudence, attitude qui sera la source de toutes ses victoires, la pierre angulaire de l'édifice que sera son œuvre.

                     

     

    Et ainsi le Phoenix atteint la cime, heureux parce qu'il le veut.

     

    Pour ceux qui assistent à mon avènement.

     

    Pour ceux qui souhaitent s'envoler eux aussi.

  • Balbutiements venimeux

    Sais-tu, ma pauvre enfant, ce que tu as créé?

    Mon amour étouffant, t'offrant la rédemption,

    Fut, d'un mépris hautin, à jamais transformé

    En l'outils du destin, en ta malédiction.

     

    Tu peux tenter de fuir, tu aurais bien raison. 

    Je ne fais que nuire, tu n'en peux plus de moi.

    Mais garde en ton esprit mon ignoble poison:

    Tu payeras le prix, quand je reviendrai roi.

     

    Ton souvenir cruel fait de moi un guerrier,

    Ma rage est éveillée, ma douleur est réelle,

    Jolie, tu es celle pour qui je me battrai.

     

    Je subis nuits et jours la vigueur de l'envie

    Sa grandeur me détruit, sa splendeur me rend sourd,

    Transformant mon amour en terrible folie.

  • Allégorie des adorateurs du soleil

    Un vieux texte, écrit dans la douleur; bien triste qu'il me soit encore tant porteur de sens.

     

     

                    Fermez les yeux. Et imaginez.
                    Tout d'abord, un peuple. Qu'importe qu'il soit prospère ou chaotique, qu'importe qu'il soit puissant ou insignifiant, faites qu'il vous ressemble, sûr de lui-même, fier de ce qu'il est; un peuple comme n'importe quel autre. Ajoutez lui une spécificité : ce peuple est heureux lorsqu'il est ébloui. Littéralement. Ce qu'il aime, ce qu'il chérit, ce qu'il trouve beau et recherche, n'est que brillance et lumière. En supposant qu'ils en soient capables, ils s'extasient à la vue du soleil, car celui-ci est la lueur la plus puissante en leur monde, tout en étant accessible à tous, tout le temps : la nuit ne tombe jamais là-bas. Nommons ce peuple désormais : voici le peuple des adorateurs du soleil.
                    S'en suit logiquement une conséquence : la recherche sans discussions de l'accès perpétuel au bonheur. Ces pauvres êtres ne se rendent pas compte de leur attitude, ne se voient pas baver devant le nectar qu'est pour eux la lumière. Ils en ont en effet une vision simple : le Bonheur est la lumière, la lumière est le soleil; le Bonheur est donc le soleil, sans hésitations ! Alors, puisqu'être heureux est doux, puisque la vie passe plus simplement dans le délice, il faut vivre sous le soleil. A n'importe quel prix. Dans l'excès, certains resteront à fixer l'astre, nuits et jours, oubliant de se nourrir, de boire, ou même de bouger, oubliant simplement qu'ils vivent, et mourront de leur folie. D'autres chercheront à le reproduire, puis à le vendre : ce qui est lumineux est beau, ce qui est beau est cher. L'on dit que rien de mauvais ne peut résulter de ce qui est bon, mais cela est faux : du Beau nait la Recherche du Beau. A moins que le Beau ne soit pas bon... Idée bien saugrenue, je vous l'accorde. Qui n'a jamais effleuré l'esprit d'un seul adorateur. Aucun. Un point commun lie donc ces pauvres esprits : ils cherchent tous à s'approprier cette beauté.
                    La description de ce qui va suivre va certainement vous amuser, et vous aurez bien raison de vous moquer. Les adorateurs, tous enorgueillis par la connaissance du Beau, cherchent à se l'approprier par un système d'imitation. Plutôt que de chercher à créer une lumière qui leur soit propre, ils arrachent la divine puissance du ciel qui l'abrite, et s'imaginent que celle-ci leur appartient. Leur méthode, bien que grossière, est universelle, car elle est simple et accessible même à l'enfant qui vient de naitre et qui demande à être beau. Cette technique a pour élément primordial le miroir : ainsi, un corps recouvert de miroirs brille, et de ce fait est beau. Un adorateur impossible à reconnaître tellement il est brillant est d'une beauté que l'on qualifiera de grandiose ou de majestueuse. D'ailleurs, qu'importe qui il est en réalité :  c'est un adorateur, il est beau, ou plutôt pense l'être, et cela satisfait tout le monde, rend tout le monde heureux et joyeux. C'est là le principal. Enfin, ce peuple ayant tout de même d'autres occupations toutes aussi importantes, les adorateurs se contentent le plus souvent de se recouvrir le corps d'une huile réfléchissante, bien sûr toxique. Enfin, il faut souffrir pour être beau. Et, d'un accord commun, il vaut mieux pouvoir dire en ses dernières paroles "Je fut beau" que de vivre et ne pouvoir le dire.
                    Malheureusement, ce système crée des inégalités. Plus la peau d'un adorateur est blanche, plus elle réfléchis le soleil. Oui, mesdames et messieurs, il s'agit d'un racisme de la beauté. Il y a des lois pour empêcher cela, l'on interdit la libre expression. Dire ce que tout le monde pense est interdit. Ou très mal vu, tout du moins. Il n'est pas bon de naitre à la fois adorateur et noir. La naissance fait partie des divinités qui peuvent influer sur l'ensemble d'une vie. Bien heureusement, elle n'interdit à aucun de devenir beau, grâce aux miroirs implantés chirurgicalement quand la douleur liée à l'absence de beauté devient insoutenable. C'est une pratique très répandue, qui soigne des millions de gens chaque année. Le monde est si bien fait, il autorise à tous d'être heureux.
                    Bien fait, mais imparfait : tous ne peuvent bénéficier de ces soins, souvent bien trop chers. Surtout que les adorateurs qui réussissent le mieux dans leur imitation ne prennent absolument pas la peine d'aider leurs confrères dans le besoin. Chacun sa merde, comme on dit. Et s'il ne brille pas, c'est qu'il n'y met pas du sien, non plus, enfin, tout le monde peut réfléchir le soleil s'il s'en donne la peine. Sauf que certains n'y arrivent pas, quels que soient les efforts apportés. Dame Naissance dans toute sa puissance, maudissant les plus pauvres d'entre eux.  Ainsi s'est créé un second type d'adorateurs : les adorateurs indirects. Ceux-ci, plus que rechercher leur propre brillance, viennent se rajouter à celle d'un adorateur plus lumineux, s'octroient une partie de sa beauté. Cette symbiose demande souvent en contrepartie que l'adorateur indirect éclaire autant que possible son mécène, participant en quelque sorte à la gloire du groupe. Cela va jusqu'à créer ceux que l'on appelle "les étoiles", quand des milliers de gens mettent les projecteurs sur ces êtres d'exception. Ceux-ci, que j'aime appeler les simili soleils, sont constamment à deux doigts de prendre feu, si bien qu'en général ils le prennent, et l'on se rend compte de leur mort uniquement des années plus tard, quand le flux devient moins intense et que quelqu'un arrive à les approcher. Leur cadavre, autrement dit leur souvenir, continue la plupart du temps de briller longtemps après leur mort, à croire que ceux-ci sont en réalité immortels.
                    Vous comprenez désormais l'étendu du pouvoir que peut avoir la lumière sur ce peuple. Ne vous inquiétez pas : ceux qui ont conscience de ce pouvoir ont l'intelligence de bien s'en servir. Pour leurs intérêts, bien entendu; ne rêvez pas d'êtres bienfaisants (ils sont intelligents, souvenez vous), ils savent être discrets quand il s'agit de régner. Et puis, après tout, nous n'avons rien à leur reprocher, si ce n'est qu'ils encouragent l'adoration, l'accentuent, l'insinuent dans la vie de tous, toujours plus, toujours plus, parfois trop mais jamais assez. Ce n'est pas un mal, le mal était déjà là avant leur venue. Ils profitent, c'est un trait commun à tous les êtres vivants. Ils ont beau être intelligents, être les maitres des foules, ils restent pourtant impuissants, et pour cause, ils ne savent pas quelle est la source de leur pouvoir. Personne ne s'intéresse au pourquoi : de nos jours, seul le comment compte. Ils ne cherchent donc pas à savoir d'où leur vient cette adoration du soleil, mais se contentent de l'effectuer dans l'intérêt de leur bonheur. Hélas, de temps à autres, un pauvre esprit se perd dans la question du pourquoi, ce qui est toujours suivi d'immenses regrets.
                    En général, tout commence dans l'obscurité : un adorateur qui, dans un concours de circonstances désastreux, se retrouve à ne plus être bercé d'une chaude lumière, peut alors se rendre compte d'une chose : les adorateurs luisent dans le noir. Non pas d'un flot majestueux digne du soleil, mais d'une faible étincelle aux aspects quelque peu nostalgiques. Enfin, et c'est le pire, c'est une lumière incomplète, une couleur, une simple composante du blanc pur. Imparfait, donc honteux. Il semblerait que chaque adorateur sache quelle est sa couleur, puisque les adorateurs se savent différents les uns des autres. Mais la plupart du temps, ils oublient, trouvent cela insignifiant, inutile, et retournent adorer le soleil, en communauté, avec les autres. Leur couleur, source de différences et de conflits, doit être mise de côté s'ils veulent former un peuple uni. Si l'union est parfaite, la couleur commune devient le blanc, la pureté, et tous oublient qu'ils sont imparfaits. L'oubli, une clef du bonheur.
                    Alors, l'adorateur clairvoyant peut se permettre une réflexion : et si ses yeux étaient destinés à voir cette lueur bien particulière? Car, cela se confirmant facilement, cette lueur est propre à chaque homme, unique par sa couleur, et belle. Mystérieusement belle. Et si ce bonheur, ressentit à l'observation de la lumière, n'était qu'un moyen de notre corps pour nous intéresser à la couleur propre des êtres nous entourant? Car pourquoi aimer le lumière? La vie telle qu'elle existe se doit d'avoir un sens, sinon le monde serait un serpent se mordant la queue, un Quetzalcóatl malade. La recherche du sens, animant cet adorateur, le fait penser au destin. Au hasard. Il recherche les clefs du monde, essaye de comprendre pourquoi il existe, où il va, et où il doit aller. Il se retrouve donc confronté à Dieu. Il cherche à comprendre ce Dieu, savoir pourquoi il a agit de cette manière en créant le monde. Il se place dans l'idée que tout à un sens, alors que le chaos seul pourrait être maitre sans que cela ne change rien.  Dans la recherche de l'Ordre, il en identifie les outils. Et il place la couleur propre en tant que pierre angulaire de sa vision. Cette couleur propre, ce qui au final revient à dire l'âme.
                    Poussons la réflexion plus loin : pourquoi les adorateurs aiment-ils le blanc, la pureté? Il n'existe aucune couleur propre qui ne soit blanche, et de ce fait aucun être qui soit pur. Seule l'union permet le blanc. Mais c'est un blanc temporaire, un blanc presque noir tellement il n'est pas naturel. Car, ne nous voilons pas la face, il y a toujours des tricheurs dans la communauté. Il n'existe pas un seul peuple, pas un, qui ne crée le blanc du mélange de ses couleurs propres : tous usent du soleil. C'est bien plus simple. Alors non, ce ne sont pas des adorateurs blancs par leur union, mais de simples imitateurs du soleil, simplement groupés. Rien de bien différent des simili soleils. Mais, tentons l'impossible, imaginons que deux personnes s'avèrent avoir des couleurs complémentaires. Alors leur union créera la blancheur, et leur éclat surpassera celui du soleil. Car oui : sans user d'imitation, sans voler la lueur de l'astre, deux êtres peuvent eux-mêmes produire le blanc pur. Là réside une beauté propre à l'adorateur, une beauté qui est et restera à jamais inaperçue d'eux. A croire que le soleil les a rendu aveugles.
                    Mais trêve d'utopies inutiles. Nous avons le soleil, et cela est bien assez. Revenons à notre adorateur, et appelons le "sage" pour plus de commodités. Comment doit-il réagir? Il a touché la conscience même de l'adorateur, sa raison d'être, la Vérité. Il se doit de le dire à quelqu'un, lui montrer la voie, lui apprendre. Et c'est là qu'apparaissent les regrets.
                    Tout d'abord, le sage n'est plus attiré par le soleil. Il ne l'aime plus : ce n'est qu'un imposteur, une image erronée de la perfection, un hypocrite. Il s'est alors détourné de son éclat, et sa peau n'est plus brillante; à vrai dire, cette brillance le fait bien rire désormais, puisqu'elle est vulgaire, universelle et tellement commune, en comparaison à la couleur propre. Plus que cela, il ne tire plus aucun plaisir à regarder le soleil. Quelque chose s'est brisé en lui, la Vérité l'ayant changé, l'ayant fait évoluer. Il n'est plus dupe, ne peut plus être dupe. Il est l'esclave de son savoir. De ce fait, le sage se présente à son congénère, mât. Et bien entendu, se fait rejeter. Logique, puisqu'il est laid : la pupille de son interlocuteur n'a que faire d'une lueur qu'il ne voit même pas, puisqu'elle est effacée par le soleil environnant. Alors le sage lui demande d'entrer dans l'ombre, pour lui montrer. Le congénère refuse, rit et s'en va. Et son attitude est représentative de tout son peuple. Le sage ne peut être qu'incompris.
                    Il ressent de la solitude. Déjà, il sait être le porteur d'une couleur unique : il n'a pas de semblables. Ensuite, il est rejeté, et cela le fait souffrir, lui qui est pourtant l'égal de tout autre, une fois mis à l'ombre. Alors, deux consolations s'offrent à lui : oublier, ou rêver de sa couleur complémentaire. Mais cela n'est pas la question de cette allégorie : personne n'a que faire du bonheur du sage.
                    Le sage, observant les couleurs, apprend à distinguer les autres, à les catégoriser tout en gardant leur unicité : il ne fait tout simplement que les comprendre là où eux ne savent même pas qu'ils possèdent cette âme. Et il se fait deux sortes d'amis : ceux s'approchant de sa couleur propre, et ceux s'approchant de sa couleur complémentaire, qu'il rêve toujours de rencontrer. Ceux-là aussi l'apprécient : leur inconscient perçoit sa couleur propre, et cette appréciation entre en conflit avec l'absence de luminosité, le sage restant mât par choix. Alors, pour se protéger, ils ne cherchent pas à comprendre, ils jugent : c'est bien plus aisé. Le sage passe pour un fou, sympathique mais pas dangereux. A vrai dire, il n'est dangereux que pour lui-même.
                    Ainsi vit le sage, portant le fardeau de la Vérité. Un jour, une autre couleur qu'il apprécie, prise de pitié pour lui, tente de le faire briller. Lui offrant son aide et ses conseils, elle est persuadée du bien qu'elle apporte. Et de cela émerge la Déchirure. Faut-il que le sage oublie ce qu'il sait, qu'il dissimule son âme derrière celle du soleil universel, ou bien qu'il persiste dans sa Vérité, qui n'éveille pas en lui le bonheur aseptisé présent chez les autres? Car oui, c'est un peuple heureux, là où lui est triste. Alors, la déchirure de son âme l'engloutit dans la douleur. Le monstre Vérité engloutit une proie bien trop faible pour la vie. Et là, au fond du gouffre, seul avec lui-même, le sage perçoit une Vérité terrible, qu'il se répugne à croire.
                    La lumière détruit l'âme.
                    L'exposition trop prolongée au soleil fait disparaître peu à peu la couleur propre des adorateurs, jusqu'à la faire s'éteindre. Définitivement. Elle les rend morts de l'intérieur. Bien sûr, ceux qui se sont le plus exposé au soleil sont ceux les plus touchés, ceux les plus sombres en leur être. Ironique, pense le sage, que le soleil soit celui qui apporte les ténèbres. Mais d'où vient donc ce soleil? Quel être pervers, quel esprit ou force l'a placé haut dans ce ciel, piège tellement attrayant? Qui a condamné les adorateurs à la noirceur? Qui donc? Quoi?
                    Le sage n'a pas de réponses. Il ne sait même pas si ce qu'il sait est juste. Mais il discerne les contours d'un ennemi capable de détruire sa couleur propre. Et il ne se laissera pas faire. Alors il écrit une allégorie.
                    Recontextualisez. Et ouvrez réellement vos yeux.

                   

    Je ne vous demande pas de devenir des sages, je ne souhaite pas partager cette tristesse.

    Je vous demande simplement de le comprendre,

     

    de me comprendre.

  • Muse - Time is running out

    https://www.youtube.com/watch?v=O2IuJPh6h_A

    "Time Is Running Out"

    I think I'm drowning
    Je pense que je me noie
    Asphyxiated
    Asphyxié
    I wanna break this spell
    Je veux briser ce sort
    That you've created
    Que tu as créé

    You're something beautiful
    Tu es quelque chose de magnifique
    A contradiction
    Une contradiction
    I wanna play the game
    Je veux jouer le jeu
    I want the friction
    Je veux l'affrontement

    You will be
    Tu seras
    The death of me
    Ma mort
    Yeah you will be
    Yeah tu seras
    The death of me
    Ma mort

    Bury it
    L'enterrer
    I won't let you bury it
    Je ne te laisserai pas l'enterrer
    I won't let you smother it
    Je ne te laisserai pas l'étouffer
    I won't let you murder it
    Je ne te laisserai pas l'assassiner
    Our time is running out
    Nous manquons de temps
    And our time is running out
    Et nous manquons de temps
    You can't push it underground
    Tu ne peux pas l'envoyer sous terre
    We can't stop it screaming out
    Nous ne pouvons pas l'arrêter en criant

     

    I wanted freedom
    Je voulais la liberté
    But I'm restricted
    Mais je suis limité
    I tried to give you up
    J'ai essayé de renoncer à toi
    But I'm addicted
    Mais je suis dépendant

    Now that you know I'm trapped
    Maintenant que tu sais que je suis emprisonné
    Sense of elation
    Sentiment d'exultation
    You'll never dream of breaking this fixation
    Tu ne rêveras jamais de briser cette fixation
    You will squeeze the life out of me
    Tu presseras la vie hors de moi

    Bury it

    L'enterrer
    I won't let you bury it
    Je ne te laisserai pas l'enterrer
    I won't let you smother it
    Je ne te laisserai pas l'étouffer
    I won't let you murder it
    Je ne te laisserai pas l'assassiner
    Our time is running out
    Nous manquons de temps
    And our time is running out
    Et nous manquons de temps
    You can't push it underground
    Tu ne peux pas l'envoyer sous terre
    We can't stop it screaming out
    Nous ne pouvons pas l'arrêter en criant

    How did it come to this

    Comment en est-ce arrivé là

     

    Yeah you will suck the life out of me

    Yeah tu aspireras la vie hors de moi

     

     

    Bury it
    L'enterrer
    I won't let you bury it
    Je ne te laisserai pas l'enterrer
    I won't let you smother it
    Je ne te laisserai pas l'étouffer
    I won't let you murder it
    Je ne te laisserai pas l'assassiner
    Our time is running out
    Nous manquons de temps
    And our time is running out
    Et nous manquons de temps
    You can't push it underground
    Tu ne peux pas l'envoyer sous terre
    We can't stop it screaming out
    Nous ne pouvons pas l'arrêter en criant

    And how did it come to this
    Et comment en est-ce arrivé là

     

    (Traductions de http://www.lacoccinelle.net/242943.html )

     

    J'ai décidé de commencer par celle-là, car j'ai beaucoup de choses à dire dessus, et j'ai pensé que cela serait plus simple pour une première fois.

     

    Tout d'abord, l'album. Absolution, un album tourné vers la mort, la fin, l'emprisonnement (en général). Pendant tout l'album, les musiques explorent l'une après l'autre un emprisonnement, une douleur, toutes sauf une qui aura son analyse, c'est sûr et certain. Time is running out a donc un caractère inscrit dans cette idée : la basse est lourde, en arrière fond, presque étouffante. La voix est plaintive, elle hurle parfois, et, chose importante, elle est déterminée. La musique alterne repos et exaltation, laisser aller et prise de contrôle. On garde tout de même l'impression d'une sorte de chute, ou la sensation de tourner; on ne se sent pas maîtres du mouvement qui nous entoure, simplement portés ou écrasés.

     

    Ensuite, les paroles. Ce qui est fantastique avec ce groupe qu'est Muse, à mon avis, et l'universalité des paroles et le nombre incalculables de sens différents qu'on peut leur attribuer. J'essayerai donc d'être général :

    Il y a plusieurs termes vagues qui peuvent être identifiés et qualifiés : le "you" ici a ensorcelé le "I", à la fois magnifique et, contradictoirement, blessant; il sera la mort du "I". Ce dernier ne résiste pas : en effet, il veut jouer le "jeu", il veut "l'affrontement", mais, plus tard, avoue être dépendant de ce "you", emprisonné. De plus, le "you" ne laisse pas le "I" se libérer; il a conscience de ce piège et cela le fait exulter. Il cherche de plus à détruire "it", qui n'est pas non plus définit. Je pense qu'il s'agit de ce charme, et que le "I", non blessé par ce qui cherche à le faire souffrir, se délecte de la situation car "our time is running out". Cette musique est donc une interprétation du Cape Diem à mon sens; mais au lieu de chercher le plaisir avant la mort, comme traditionnellement, il cherche le plaisir dans l'ultime "jeu" qui sera le sien, dans lequel il est trop avancé pour reculer, d'où le "How did we come to this?". Le "I" a dépassé la limite de non retours à la libération de son désir : il veut le "you" au point de mourir pour lui, et il en a conscience. Il est en quelque sorte responsable du temps qui s'épuise, car il fonce tête baissée dans l'adoration du "you" qui sera sa fin, "you" qui est lui-même incapable d'empêcher cette adoration s'il le voulait.

     

    Le clip me fait indéniablement penser à l'esprit d'une personne, les gens assis autours de la table étant les représentants de la raison, ordonnés et coordonnés, le groupe au centre étant, si ce n'est l'origine du désordre de la passion, au moins le messager de ce désordre. Les personnes se mettent à tourner en rond, à tomber : l'ordre est troublé. Puis tout redevient normal : on se reconcentre, on se dit que ce n'est rien, on reprend la raison en mains. Mais le désordre finit par revenir, ridiculisant de plus en plus cette raison qui ne lutte même pas. Puis vient un moment plus calme, sensuel, où les représentant de la raison se dénudent et prennent la place centrale : la raison elle même devient passionnée, et crée d'elle-même la passion, sans que le trouble n'ait besoin d'agir : la raison est devenue folle. Enfin, le chaos prend le pouvoir définitivement et la raison s'éteint, la mort ayant pris la personne.

     

    Enfin, mon interprétation personnelle. Le "I" est une personne ayant acquis, d'une façon ou d'une autre, la certitude que le "you" est la seule personne qu'il aimera jamais. Pris de ce sentiment puissant, il se jette à corps perdu dans cette relation qui est à sens unique. Le "you" tente de briser cette adoration, ne souhaitant pas en être l'objet, bien qu'en réalité il s'en délecte (qui n'aime pas être adoré?). Ceci explique le passage sensuel du clip et le "you will suck the life out of me", qui sont des références, selon moi, au sexe. Le protagoniste cherche donc à tirer le plaisir de cette situation avant que l'amour s'arrête, car il est destiné à la mort par le "you" qui ne veut pas de lui, mort qu'il accepte mais refuse de favoriser ou d’accélérer. 

     
  • Prélude

    Voila : je m'engage dans la rédaction d'une nouvelle catégorie de publications sur ce blog, et il m'a semblé nécessaire d'exposer les raisons et les visées de ce que je vais écrire avant de le faire. 

    Je compte écrire, quand j'en aurai le temps, des commentaires et analyses de musiques, principalement de Muse, qui est mon groupe préféré au-delà de ce que vous pouvez imaginer. Je me lance dans cet exercice car j'ai bien trop de choses à dire pour bien trop peu d'oreilles attentives et, après tout, c'est justement pour cela que j'ai créé ce blog. Je ne doute pas de la difficulté de l'entreprise, surtout pour certaines musiques, car je suis profondément engagé dans ce que j'écoute; pour moi, écouter n'est pas un acte passif. La musique entrant dans mon corps me transporte et crée en moi des sentiments que je ne retrouve nulle part ailleurs. C'est précisément cet état de communion entre la musique et mon esprit (et ainsi l'entièreté de mon corps) que je vais chercher à vous faire comprendre et partager.

    Pour ce faire, je vais essayer de respecter le même schéma : d'abord donner les paroles et un lien pour écouter la musique; parler de l'ambiance de la musique, des effets sonores; parler du texte, du sens des paroles; et enfin du clip, si celui-ci existe et est pertinent. Je finirai par une interprétation plus personnelle de l'ensemble, pour que vous puissiez vous approcher au maximum de mon interprétation. 

    Je précise (le faut-il encore) que tout ce que j'écrirai sera purement spéculatif, que mes propos n'engagent que mon point de vue, et que je ne fais que le partager, je ne cherche pas à l'imposer. De ce fait, je suis ouvert, et même j'encourage (!) tout le monde à répondre, en laissant sa propre interprétation, dire en quoi il est d'accord et en quoi il trouve que je me trompe. Je prendrais avec grand plaisir des interprétations nouvelles au sujets de musiques que je connais déjà.

    La musique est une part importante de ma vie et de mon inspiration, j'espère que j'arriverai à vous transmettre cela sur ce blog :)

  • Éloignement douloureux

    Je ne peux m'empêcher de repenser à toi,

    Je cherche à t'oublier, mais mon cœur te réclame.

    J'ai toujours l'illusion de voir en toi ma joie,

    Je suis le papillon et tu restes ma flamme.

     

    Une idée me console et, bien qu'elle soit cruelle,

    Il me faut la penser, j'ai vraiment besoin d'elle;

    Plus rien ne me cajole hormis le sentiment 

    Que tu m'as oublié, définitivement.

     

    Que tu dois être heureuse, ignorant que je t'aime!

    Tu n'as plus de dilemme, être honnête ou menteuse.

    Ta vie est harmonieuse, ton bonheur est suprême !

     

    Mais je ne suis parti, quand tu m'as relâché,

    Encore amouraché de l'amour de ma vie,

    Que poussé par l'envie de ne pas te gâcher.

     

  • Lettre 3

     Le 21 mars 2015,

                                                                            Mme Rose Finmelse,

     

                    Je vous écrit de nouveau une lettre : décidément, il semble que je n'aurai jamais votre numéro; cela m'était complètement sorti de la tête quand nous nous sommes rencontrés ! Il faut absolument que nous y pensions la prochaine fois, j'espère que vous m'aiderez, ma mémoire est tellement fuyante !

                    Je tenais tout d'abord à m'excuser pour l'attitude de celui que j'appelais mon ami : je n'ai pas compris ce qui lui a prit, il n'avait guère cette agressivité et cette méchanceté lorsque je le fréquentais. Je vous prie de m'excuser pour cela, j'en suis sincèrement désolé. Si nous venions à nous rencontrer de nouveau, il ne faudra certainement plus le faire dans ce parc. Peut-être auriez-vous quelque idée de lieu agréable? Nous aurons le temps d'y réfléchir ensemble, si vous m'appelez.

                    Outre ce fâcheux incident, je veux vous faire savoir que cette rencontre fut délicieuse. Je ne sais quelle impression vous en avez gardé, mais au souvenir des nombreux éclats de rire que nous avons partagé, de l'amitié que vous m'avez montré et du plaisir que j'ai pu lire dans vos yeux, je ne doute pas que vous ayez passé un aussi bon moment que moi. Il m'a cependant semblé déceler une certaine tristesse, quand votre regard se perdait sur le lac. Je n'ai pas osé vous poser de question à ce sujet, mais sachez que si quelque chose vous chagrine, si je vous ai gêné de la moindre manière, je vous prie, ou plutôt je vous conjure de me le dire, que je puisse y remédier du mieux que je le peux. Je me permet d'insister à ce sujet : vous faire plaisir, si cela m'est possible, me procurerait un plaisir semblable.

                    De plus, je peux dire, sans avoir nullement l'intention d'être flatteur plus qu'honnête, que votre conversation est d'un intérêt bien plus prononcé que celles dont j'ai l'habitude d'entendre aux soirées auxquelles je me rend. Je ne sais ce qui fait la différence... Quand vous vous adressez à moi, quand vous me parlez de vous, j'ai comme l'impression de partager votre vie, en quelque sorte d'écouter un récit palpitant, comme ceux que l'on peut trouver dans de bons romans. A bien y réfléchir, il n'y a rien d'exceptionnel dans ce que vous m'avez partagé, mais l'honnêteté et la liberté de parole dont vous faite preuve me font vivre votre vie; la mienne est tellement inintéressante, j'ai l'impression d'être ébloui par bien peu, et c'est très certainement le cas. Mais qu'importe si cela est vrai, ça ne change pas ce que je ressens.

                    Je porte, dans tous les cas, l'espoir très prononcé de vous revoir et de réitérer cette discussion; cela m'a fait le plus grand bien. Je ne puis qu'espérer que vous ayez le même ressenti, et si cela n'est pas le cas, il serait judicieux de votre part de me le faire savoir : ne pas vous gêner passe pour moi avant toute chose.

                    Cette rencontre m'a fortement inspiré, je me sens capable d'écrire des pages et des pages de concerto, d'opéra ou de symphonie à la hauteur de la vigueur qui me prend ces derniers jours; je puis vous assurer que celle-ci ne pourrait que se traduire par des chefs-d'œuvre, et le bénéfice n'en reviendrait qu'à vous ! Mais je vous imagine déjà, modeste comme j'ai l'impression que vous êtes, me disant n'avoir rien fait ! Vous existez, madame, et ce simple fait m'inspire plus que vous ne pouvez même imaginer.

                    Comment dormir après cela? Oui, j'ai écris cette lettre au soir qui suivit notre rencontre; je n'ai pu résister plus longtemps à m'adresser de nouveau à vous. Je me répète surement, mais j'insiste sur ce fait : n'hésitez pas à me le faire savoir si je vous ennuie ! Je constate moi-même mon empressement, mon engagement auprès de vous, et j'ai conscience qu'il peut sembler oppressant. Un mot de vous, et vous n'en aurez plus un de moi.

                    Appelez-moi vite ! Je garderai le téléphone sur mon bureau pendant que je travaillerai; sa vue sera pour moi une motivation semblable à celle que vous me procurez, accompagnée par l'espoir de sa sonnerie.

                    J'attend avec hâte d'entendre à nouveau le son de votre voix,

     

                                                                                                                                                                                                M.S.

  • Lettre 2

      Le 3 mars 2015

                                                                                                                  Mme Finmelse,

     

                    Je suis extrêmement heureux que vous ayez daigné répondre à ma lettre, je tiens à préciser dans un premier temps que cela me touche beaucoup. A vrai dire, je n'avais plus d'espoirs de réponse depuis quelques jours. La chose est comique, vous en conviendrez : cela faisait des semaines que je n'avais plus quitté mon appartement, et il a fallut que vous appeliez tandis que j'assistais à la première d'une de mes œuvres, "Explorateurs". J'ai donc bel et bien reçu le message que vous aviez laissé sur mon répondeur, écouté dès mon retour à l'appartement.

                    Le fait que la chose vous tracassant ne soit qu'une broutille me rassure, et savoir que vous allez bien apaise les tourments qui me hantaient alors. Ma première lettre a du vous sembler idiote, voire complètement stupide, et j'espère qu'elle aura au moins eu le mérite de vous faire rire.

                    Vous m'avez dit être désolée de la peine que vous m'avez causé : je vous en prie, ne le soyez pas. En effet, vous n'avez absolument rien fait, un juge impartial ne pourrait punir que l'impolitesse dont j'ai fait preuve, non pas la détresse que vous exprimiez. Subir un mal n'est une culpabilité que pour ceux qui assistent ce mal, et si ma première lettre fut comprise comme une plainte, je me dois de rectifier immédiatement ce tort : je ne vous reproche aucune peine, vous ne m'en avez commis aucune; je me les suis infligé moi-même.

                    Vous devez certainement vous demander pourquoi je vous répond par lettre, et non pas en rappelant votre numéro, comme vous me l'avez si bien suggéré : cela tient tout simplement au fait que vous m'ayez appelé en numéro masqué; je ne peux donc pas vous rappeler, à mon plus grand regret. Et, à vrai dire, j'affectionne tout particulièrement écrire, je m'y sens plus à l'aise. Je suis comme qui dirait un peu timide, le contact aux autres trouble aisément mes pensées, ma plume est plus sûre que ma bouche.  

                    Vous évoquiez la possibilité de nous rencontrer prochainement : c'est avec joie que j'envisage ce projet, et je dois me contenir de ne pas venir vous voir à votre domicile. Si ce n'est que l'adresse, je ne connais rien à propos de celui-ci; c'est pourquoi l'idée que notre première rencontre s'y déroule me semble quelque peu oppressante, je ne suis pas sûr d'être à l'aise en votre demeure. Et, tout bien réfléchi, j'y serais surement malvenu. C'est pourquoi je vous propose un lieu neutre, un lieu public, histoire de simplement faire connaissance.

                    Je dois vous paraître étrange. Je suis tellement terrifié des autres que je ne peux leur faire confiance, même quand il s'agit de moi qui effectue le premier pas. Le mot m'échappe, je ne me souviens plus du terme exacte pour la phobie du contact social... A vrai dire, cela a peu d'importance, et cette lettre n'a absolument pas pour but de vous partager mes problèmes personnels. Il faudrait que je sois vraiment idiot ou maladroit pour venir vous partager mes peines en prétendant vouloir soigner les vôtres !

                    Donc, j'arrête un peu de parler de moi; j'évoquais un lieu neutre : pourquoi pas un parc ? Je ne sais si vous vous y êtes déjà rendu, mais il y a un petit coin de verdure entre deux quartiers d'affaires, sur le boulevard Albert Cohen. Au centre de celui-ci se trouve un petit lac, qui, soit dit en passant, n'a de la grandeur d'un lac que le nom, au vu de sa taille ridicule. Un chemin agrémenté de nombreux bancs en fait le tour; nous pourrions nous donner rendez-vous là ? Le lieu est très fréquenté, et je connais bien le gardien du parc, c'est un ami de longue date que j'ai perdu de vue il y a quelques années, euphémisme bien risible quand on sait qu'en réalité j'ai complètement oublié son existence. Je suis incorrigible, moi et ma mémoire.

                    Je ne sais combien de temps vous mettez à recevoir mes lettres, je ne sais donc quand fixer le rendez-vous. Il serait bien plus aisé de régler cela par téléphone; je vous propose donc ceci : quand vous recevrez ma lettre, vous me rappelez, et nous fixons ensembles la date de l'entrevue. J'espère que cette solution vous convient, elle me semble être la plus sûre et la plus raisonnable.

                    Ce n'est plus l'idée de vos tracas qui va me hanter maintenant, mais celle de notre rencontre; je ne sais si la hantise nommée envie me sera plus douce, mais je m'en console en m'imaginant votre visage heureux.

                    Puissiez vous l'être continuellement jusqu'à notre rencontre,

     

                                                                                                                                                                                                M.S.

  • Lettre 1

    Le 23 février 2015,

                                                                                                A l'attention de Mme Finmelse

     

                    Je vous prie, madame, d'excuser le caractère inopportun de cette présente lettre et j'espère que vous me ferez la grâce de lui accorder votre attention, le temps de vous exposer ainsi les raisons qui me poussent à vous écrire.

                    Vous ne me connaissez surement pas, et il est probable que vous ne m'ayez jamais vu; en effet, nous ne nous sommes croisés qu'une seule fois, et ce de manière accidentelle, lors d'une soirée donnée il y a quelques jours chez notre amie commune, Mme Ghegle. Je sortais de ma voiture quand je vous ai aperçu sortir du bâtiment, vous aviez l'air pressée et ennuyée. Inquiet à votre sujet, on m'a appris, une fois entré, que vous veniez de recevoir un appel vous ayant, semble-t-il, troublé, et forcé à partir.

                    Cette rencontre m'a bouleversé. Je n'ai pas pour habitude de m'intéresser comme cela, de manière totalement impolie, à la situation de quelqu'un que je ne connais pas; pourtant, votre détresse m'a touché. La reluctance des autres invités à me parler de vous m'a fortement inquiété, je ne sais qui vous êtes mais je sens que vous avez besoin d'aide. J'ai du m'acharner comme une bête auprès de Mme Ghegle pour obtenir votre nom, dont elle souhaitait visiblement me préserver. Vous pourrez certainement m'éclairer quant aux raisons de ce secret autours de vous, si nous nous rencontrons un jour, ce que j'espère fortement.

                    Je suis envahi par la honte à la relecture de mon message, rien ne laisse à penser que je puisse vous aider de quelque manière que ce soit, et vous devez certainement trouver mon attitude déplacée, voire risible. Mais, et j'espère que vous le croirez, ma proposition est honnête. Vous devez vous imaginer que je suis un scélérat, souhaitant profiter de la faiblesse d'une pauvre âme perdue pour lui arracher le peu de biens qu'elle possède; rien n'est plus éloigné de la vérité. Notre rencontre a provoqué une réflexion en moi, m'amenant à comprendre que ma vie est dénuée de sens. Je n'ai pas de famille, tellement peu d'amis que ceux-ci se fondent dans la masse aux soirées de Mme Ghegle, et je porte le terrible sentiment de ne servir à rien. Alors, je ne sais si cela fut un coup de folie ou un éclair de raison, mais je me suis mis en tête de vous aider.

                    Je me sens bête désormais. Qui me dit que vous avez besoin d'aide? Qui me dit que je ne vous apporterai pas, au contraire, une gêne, la même gêne qui est installée dans ma vie depuis de longues années et qui ne demande qu'à venir gâcher la vie d'une pauvre innocente? Madame, j'aime croire être votre salvateur, cette idée me fait vivre désormais. Je ne sais pourtant rien de vous, juste un nom et le souvenir d'une tête attristée. Vous devez surement vous demander comment j'ai pu me procurer votre adresse, et je ne saurais vous répondre, étant donné que je n'y suis arrivé qu'après de longues heure de recherches sur internet, ayant trouvé enfin ce que je cherchais sur un site dont j'ai tout oublié. Vous semblez être insaisissable, madame, mais ma persévérance m'a fait trouver un lieu, et j'espère que vous y habitez  encore.

                    J'ai votre nom, votre adresse, mais vous n'avez rien de moi, et j'ai le sentiment que cela ne peut provoquer que la peur en vous, et non pas l'espoir que je souhaite vous inspirer. Voila en quelques mots qui je suis, en preuve de ma bonne foi et de mon honnêteté.  Je me nomme M.S., j'ai 37 ans et je suis musicien. Je vis en grande partie de mes compositions, que mes pairs qualifient en général de "chefs d'œuvres auditifs", avant que je les vende à  des orchestres du monde entier. Voyez, je n'ai que faire de votre argent, j'en ai déjà bien suffisamment, et mon aide n'est pas intéressée. Je réside à l'adresse que vous trouverez au dos de l'enveloppe, dans un petit appartement au troisième étage d'une résidence qui se veut tranquille. Que vous dire de plus, sinon que ma vie est horriblement calme et dénuée d'intérêt. Je suis seul, et ce depuis toujours; non pas que je ne m'intéresse pas aux femmes, ce n'est juste jamais réciproque. Mes parents sont morts, depuis déjà quelques années, et ils étaient ma seule famille.

                    Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout cela, ceci ne vous intéresse surement pas; mais il est tellement aisé de parler de ma vie, tout est dit en quelques minutes. Le but de cette lettre est de vous faire comprendre à quel point j'ai envie, j'ai besoin de vous aider. Je vous laisse mes coordonnées, n'hésitez pas à les utiliser. Si vous ne me répondez pas, je le comprendrais parfaitement; je ne veux absolument pas m'imposer à vous, que vous ayez besoin d'aide ou non.

                    Sachez que jamais je n'ai ressenti de plus profonde douleur qu'à la vue de votre visage contrarié, et que je serais prêt à tout pour qu'il ne le soit plus jamais.

                    Dans l'espoir que vous ayez perçu la sincérité de ma main tendue,

                                                                                                                                                                                M.S.