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Philosophie

  • Du risque et de sa prévention

          Au delà de la souffrance et du chagrin, de la peur et du sentiment d'impuissance que nous impose le terrorisme en France, il nous faut agir et lutter contre cet ennemi insaisissable. Nous sommes confrontés à une peste des plus puissante et des plus terrible : une idéologie. La pensée, mère d'action, pousse chaque jour des gens, des hommes, nos frères, aux plus ignobles des actes, aux plus perfides des assassinats. Et vous me direz : que puis-je, moi seul, face à ce drame ? Comment puis-je arrêter cette perversion de l'esprit? Que puis-je faire pour prévenir ces événements funestes? Cette interrogation, nous la portons tous, et j'ai alors tenté d'apporter des idées qui, je l'espère, seront des sources d'inspiration de votre lutte. Voici les questions, et les réponses, que je vous propose afin de vous ouvrir les yeux sur ce combat, afin de ne plus être passif dans cette guerre qui nous concerne tous.

          Que penser face à ces événements? Il faut les condamner. Non pas le penser, mais le dire. Haut et fort. Non pas comme héraut militaire, mais comme militant engagé pour la paix. Ces criminels luttent par la pensée en répandant une idéologie fausse : répondez leur avec votre "idéologie", votre vision du monde, une vision juste et équitable qui n'autorise pas ces crimes. Criez, chantez, partagez la paix. Car c'est cela que l'on veut tous, un monde de paix, alors que chaque jour nous indique que nous sommes en guerre. Et nous le sommes. Il ne faut pas non plus se voiler la face, et prétendre à cette paix : elle n'existe pas. Votre rôle est de la faire exister, par tous les moyens possibles.

         Comment éviter que ces drames ne se reproduisent? Mon avis est tranché sur cette question, et se base sur deux axes majeurs, tous deux contestables et difficiles. Premièrement, il faut parler. Parlez à votre entourage, à votre famille, à vos amis, à vos connaissances, et confirmez leurs bons sentiments. La parole seule peut révéler qu'une idéologie s'est installée dans le cœur d'un homme. Et cette parole révélatrice doit être pour vous le devoir de la dénoncer. Je sais que j'encourage la délation, acte souvent méprisé par les peuples, car acte de traîtrise et de méchanceté pure. Mais sachez que vous ne trahissez pas l'homme que vous dénoncez, vous faites votre possible pour le remettre dans le droit chemin et l'empêcher de prêcher le mal et, s'il s'avérait être perdu, sauver les victimes qu'il prévoyait de faire. Une mère se doit de savoir si les pensées de son fils sont tâchées de sang, et une mère doit savoir qu'elle ne brise point les liens de la famille en dénonçant son enfant, car celui-ci est, de manière beaucoup plus profonde, déjà engagé sur le chemin de l'inhumanité. J'en appelle donc aux mères, aux familles, aux amis, de surveiller non pas les actes, mais les pensées de leurs proches, sans chercher à les influencer ni à les contrôler, bien entendu. Il n'est pas question d'entrer dans un monde totalitaire où la pensée est sous le dictat d'un avis unique. Mais je suis persuadé qu'on ne peux croire impunément qu'il est bon de tuer des innocents, et que cela doit être traqué, chassé, et éradiqué. Les démons prolifèrent, quand les anges baissent leurs armes.

         Pourquoi ces drames se produisent-ils? En répondant à cette question, je donnerai mon deuxième conseil pour éviter ces drames : ces drames se produisent dans la plupart des cas dans la solitude et dans le malheur. Dites moi donc, pourquoi un homme irait-il tuer ses concitoyens s'il était heureux? Pourquoi haïrait-il ses voisins s'il n'avait jamais connu la haine? Pourquoi irait-il écouter les élucubrations de faux croyants s'il n'avait pas le cœur empli par la joie d'une communauté? Nous égarons jours après jours des milliers d'êtres, reclus, privés d'amour, confrontés à la dureté de la vie. Et ceux-ci font alors connaissance avec le désespoir, comblé par des idées de haine et de meurtres. "Regardez comme j'ai souffert, et souffrez comme moi", tel est le message du terroriste; on ne retient la plupart du temps que l'offense, et non la plainte. Alors, mes frères, écoutez-moi : il faut vous aimer. Non pas par religion - n'aimez pas au nom de dieu, aimez au nom des hommes - non pas par nécessité, mais aimez par foi de l'humanité. Appuyez vous sur votre empathie, et faite le bien que vous auriez souhaité recevoir. Pardonnez, si l'offense qui a causé le crime n'est plus, car alors le crime ne sera plus. Mais cependant prenez garde à l'avidité humaine, cette avidité que j'ai déjà critiqué, cette avidité contre laquelle la bonne foi ne doit pas se méprendre et montrer un visage de fermeté. 

         Voila mes amis; n'hésitez pas à partager vos valeurs, mais surtout n'oubliez pas d'écouter et de comprendre celles des autres. L'idéologie meurt quand le partage commence. Et, si vous rêvez d'un monde où la notion de crime n'est plus qu'une farce, alors je vous prie de bien vouloir accomplir vos rêves autant que vous le pouvez. Si je puis me permettre, je vous l'ordonne même. Chaque contribution apporte son aide au changement; faites que celui-ci ait lieu.

          

  • De l'origine de la haine

    Que dire de ce qui s'est passé vendredi soir? Des être humains ont mis fin à d'autres vies humaines, pour défendre une cause qu'ils croient juste et faire s'effondrer un pays qu'ils croient mauvais. Ces êtres humains se sont réunis, se sont entraînés, se sont préparés et décidés à user de la violence pour créer la peur, et cela dans le seul but d'exprimer un message, de montrer l'existence de leur groupe, et faire comprendre ce qui est en leur pouvoir. Il m'a semblé comprendre que leur groupe était religieux, et cela explique pour moi de grandes choses : d'une part, ce sont des être intelligent - il faut de l'intelligence pour tromper la surveillance acharnée d'un pays - des êtres suffisamment intelligents pour comprendre que leurs actes sont, non pas stupides, mais vides de sens, et hélas, ils ont Foi, non pas en un dieu pacifique comme le commun des êtres civilisés, mais un dieu (ce n'est pas le dieu de l'islam en lequel croient nos frères musulmans, bien qu'on lui fait porter le même nom), un dieu qui leur dicte de tuer; or ce ne sont pas les dieux qui font les lois de leur foi, ce sont les hommes. Tel n'importe quel acte insensé et dévastateur de l'histoire, dont le plus proche dans nos mémoire est surement l'extermination du peuple juif pendant la seconde guerre mondiale, ils diront avoir obéit, ne pas être responsable; ici, la faute revient à leur dieu. Je pose une base philosophique que je ne développerais pas ici, car il mériterait un livre entier à mon sens : une religion est le mécanisme inconscient d'une société pour réaliser ses fantasmes de vie meilleure. On comprend que la notion de vie meilleur prend ici toute son importance lors de sa définition. D'autre part, la foi leur a donné la force; "rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion" disait Hegel, et je suis convaincu que la force qui fait se mouvoir un être humain, la vie en elle-même, est en relation avec nos sentiments; l'un crée l'autre, ou inversement, ou tout simplement les deux ne font qu'un. Or nous savons tous que nos sentiments ne sont pas tous bienveillants; c'est donc la haine qui anime ces hommes, ils ont la passion de la haine, la foi de la haine, la force de la haine.

                    Ce sentiment ne devrait pas exister, mais tel est le cas. Devrais-je vous conseiller de ne pas la ressentir, et votre crédulité vous étouffera peu à peu jusqu'à votre perte. J'appelle haine l'action de détruire, et ne pas chercher à détruire ce qui nous détruit nous condamne à être détruit. Se protéger, comme le fait la France depuis des années, n'est que minimiser le problème; la probabilité et la malchance, qui permettent à la haine d'effectuer son action, nous l'ont amèrement rappelé. Je vois un futur où la France se bat contre ses attaquants, et, bien qu'une réflexion poussée me laisse dubitatif quand à la phrase que je vais prononcer, j'espère qu'elle va gagner. Car je suis dans un camps, bien malgré moi, et mes sentiments me poussent à la victoire, instinctivement. Ainsi, la haine use des êtres qu'elle a en son pouvoir pour en convertir d'autres, chaine qui ne se brisera jamais. Voyez-vous ces troupes françaises, débarquant dans le pays de ceux qui l'ont blessé, avec ses armes pointées vers les responsables? Vous appelez ça justice, victimes que vous êtes, ils appellent ça violence, les témoins sans rapports qui verront ces troupes agir, témoins qui grandiront dans l'idéal tout a fait légitime de vaincre ces oppresseurs capables de les détruire. Et oui, l'homme est capable de tuer son prochain, c'est une raison suffisante pour s'en débarrasser. Moi, poète, j'appelle ça une tragédie humaine. Comment voulez-vous vaincre le mal, vous qui vous entretuez entre victimes? Un homme dangereux répand à sa mort les graines d'autres hommes dangereux, c'est le pouvoir des êtres humains. Tuer cet homme revient à enfanter la haine; maintenant, sauvez cet homme, venez l'aider à résoudre le problème primordial qui a créé sa haine, et là seulement vous tuerez la haine. L'homme à une main plus adéquate pour tenir celle d'un autre homme que pour donner une gifle, rappelez-vous en. Mon rêve n'est entaché que par une catégorie de personnes; les avides. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils ont une vie acceptable, ils souhaitent la rendre meilleure, au dépend de celle des autres. Ces être viennent court-circuiter mon fantasme d'Humanité, plus rien ne peut être possible.

                    Homme avide, voit ce que tu fais de tes frères, et part, je t'en conjure.  

  • Allégorie des adorateurs du soleil

    Un vieux texte, écrit dans la douleur; bien triste qu'il me soit encore tant porteur de sens.

     

     

                    Fermez les yeux. Et imaginez.
                    Tout d'abord, un peuple. Qu'importe qu'il soit prospère ou chaotique, qu'importe qu'il soit puissant ou insignifiant, faites qu'il vous ressemble, sûr de lui-même, fier de ce qu'il est; un peuple comme n'importe quel autre. Ajoutez lui une spécificité : ce peuple est heureux lorsqu'il est ébloui. Littéralement. Ce qu'il aime, ce qu'il chérit, ce qu'il trouve beau et recherche, n'est que brillance et lumière. En supposant qu'ils en soient capables, ils s'extasient à la vue du soleil, car celui-ci est la lueur la plus puissante en leur monde, tout en étant accessible à tous, tout le temps : la nuit ne tombe jamais là-bas. Nommons ce peuple désormais : voici le peuple des adorateurs du soleil.
                    S'en suit logiquement une conséquence : la recherche sans discussions de l'accès perpétuel au bonheur. Ces pauvres êtres ne se rendent pas compte de leur attitude, ne se voient pas baver devant le nectar qu'est pour eux la lumière. Ils en ont en effet une vision simple : le Bonheur est la lumière, la lumière est le soleil; le Bonheur est donc le soleil, sans hésitations ! Alors, puisqu'être heureux est doux, puisque la vie passe plus simplement dans le délice, il faut vivre sous le soleil. A n'importe quel prix. Dans l'excès, certains resteront à fixer l'astre, nuits et jours, oubliant de se nourrir, de boire, ou même de bouger, oubliant simplement qu'ils vivent, et mourront de leur folie. D'autres chercheront à le reproduire, puis à le vendre : ce qui est lumineux est beau, ce qui est beau est cher. L'on dit que rien de mauvais ne peut résulter de ce qui est bon, mais cela est faux : du Beau nait la Recherche du Beau. A moins que le Beau ne soit pas bon... Idée bien saugrenue, je vous l'accorde. Qui n'a jamais effleuré l'esprit d'un seul adorateur. Aucun. Un point commun lie donc ces pauvres esprits : ils cherchent tous à s'approprier cette beauté.
                    La description de ce qui va suivre va certainement vous amuser, et vous aurez bien raison de vous moquer. Les adorateurs, tous enorgueillis par la connaissance du Beau, cherchent à se l'approprier par un système d'imitation. Plutôt que de chercher à créer une lumière qui leur soit propre, ils arrachent la divine puissance du ciel qui l'abrite, et s'imaginent que celle-ci leur appartient. Leur méthode, bien que grossière, est universelle, car elle est simple et accessible même à l'enfant qui vient de naitre et qui demande à être beau. Cette technique a pour élément primordial le miroir : ainsi, un corps recouvert de miroirs brille, et de ce fait est beau. Un adorateur impossible à reconnaître tellement il est brillant est d'une beauté que l'on qualifiera de grandiose ou de majestueuse. D'ailleurs, qu'importe qui il est en réalité :  c'est un adorateur, il est beau, ou plutôt pense l'être, et cela satisfait tout le monde, rend tout le monde heureux et joyeux. C'est là le principal. Enfin, ce peuple ayant tout de même d'autres occupations toutes aussi importantes, les adorateurs se contentent le plus souvent de se recouvrir le corps d'une huile réfléchissante, bien sûr toxique. Enfin, il faut souffrir pour être beau. Et, d'un accord commun, il vaut mieux pouvoir dire en ses dernières paroles "Je fut beau" que de vivre et ne pouvoir le dire.
                    Malheureusement, ce système crée des inégalités. Plus la peau d'un adorateur est blanche, plus elle réfléchis le soleil. Oui, mesdames et messieurs, il s'agit d'un racisme de la beauté. Il y a des lois pour empêcher cela, l'on interdit la libre expression. Dire ce que tout le monde pense est interdit. Ou très mal vu, tout du moins. Il n'est pas bon de naitre à la fois adorateur et noir. La naissance fait partie des divinités qui peuvent influer sur l'ensemble d'une vie. Bien heureusement, elle n'interdit à aucun de devenir beau, grâce aux miroirs implantés chirurgicalement quand la douleur liée à l'absence de beauté devient insoutenable. C'est une pratique très répandue, qui soigne des millions de gens chaque année. Le monde est si bien fait, il autorise à tous d'être heureux.
                    Bien fait, mais imparfait : tous ne peuvent bénéficier de ces soins, souvent bien trop chers. Surtout que les adorateurs qui réussissent le mieux dans leur imitation ne prennent absolument pas la peine d'aider leurs confrères dans le besoin. Chacun sa merde, comme on dit. Et s'il ne brille pas, c'est qu'il n'y met pas du sien, non plus, enfin, tout le monde peut réfléchir le soleil s'il s'en donne la peine. Sauf que certains n'y arrivent pas, quels que soient les efforts apportés. Dame Naissance dans toute sa puissance, maudissant les plus pauvres d'entre eux.  Ainsi s'est créé un second type d'adorateurs : les adorateurs indirects. Ceux-ci, plus que rechercher leur propre brillance, viennent se rajouter à celle d'un adorateur plus lumineux, s'octroient une partie de sa beauté. Cette symbiose demande souvent en contrepartie que l'adorateur indirect éclaire autant que possible son mécène, participant en quelque sorte à la gloire du groupe. Cela va jusqu'à créer ceux que l'on appelle "les étoiles", quand des milliers de gens mettent les projecteurs sur ces êtres d'exception. Ceux-ci, que j'aime appeler les simili soleils, sont constamment à deux doigts de prendre feu, si bien qu'en général ils le prennent, et l'on se rend compte de leur mort uniquement des années plus tard, quand le flux devient moins intense et que quelqu'un arrive à les approcher. Leur cadavre, autrement dit leur souvenir, continue la plupart du temps de briller longtemps après leur mort, à croire que ceux-ci sont en réalité immortels.
                    Vous comprenez désormais l'étendu du pouvoir que peut avoir la lumière sur ce peuple. Ne vous inquiétez pas : ceux qui ont conscience de ce pouvoir ont l'intelligence de bien s'en servir. Pour leurs intérêts, bien entendu; ne rêvez pas d'êtres bienfaisants (ils sont intelligents, souvenez vous), ils savent être discrets quand il s'agit de régner. Et puis, après tout, nous n'avons rien à leur reprocher, si ce n'est qu'ils encouragent l'adoration, l'accentuent, l'insinuent dans la vie de tous, toujours plus, toujours plus, parfois trop mais jamais assez. Ce n'est pas un mal, le mal était déjà là avant leur venue. Ils profitent, c'est un trait commun à tous les êtres vivants. Ils ont beau être intelligents, être les maitres des foules, ils restent pourtant impuissants, et pour cause, ils ne savent pas quelle est la source de leur pouvoir. Personne ne s'intéresse au pourquoi : de nos jours, seul le comment compte. Ils ne cherchent donc pas à savoir d'où leur vient cette adoration du soleil, mais se contentent de l'effectuer dans l'intérêt de leur bonheur. Hélas, de temps à autres, un pauvre esprit se perd dans la question du pourquoi, ce qui est toujours suivi d'immenses regrets.
                    En général, tout commence dans l'obscurité : un adorateur qui, dans un concours de circonstances désastreux, se retrouve à ne plus être bercé d'une chaude lumière, peut alors se rendre compte d'une chose : les adorateurs luisent dans le noir. Non pas d'un flot majestueux digne du soleil, mais d'une faible étincelle aux aspects quelque peu nostalgiques. Enfin, et c'est le pire, c'est une lumière incomplète, une couleur, une simple composante du blanc pur. Imparfait, donc honteux. Il semblerait que chaque adorateur sache quelle est sa couleur, puisque les adorateurs se savent différents les uns des autres. Mais la plupart du temps, ils oublient, trouvent cela insignifiant, inutile, et retournent adorer le soleil, en communauté, avec les autres. Leur couleur, source de différences et de conflits, doit être mise de côté s'ils veulent former un peuple uni. Si l'union est parfaite, la couleur commune devient le blanc, la pureté, et tous oublient qu'ils sont imparfaits. L'oubli, une clef du bonheur.
                    Alors, l'adorateur clairvoyant peut se permettre une réflexion : et si ses yeux étaient destinés à voir cette lueur bien particulière? Car, cela se confirmant facilement, cette lueur est propre à chaque homme, unique par sa couleur, et belle. Mystérieusement belle. Et si ce bonheur, ressentit à l'observation de la lumière, n'était qu'un moyen de notre corps pour nous intéresser à la couleur propre des êtres nous entourant? Car pourquoi aimer le lumière? La vie telle qu'elle existe se doit d'avoir un sens, sinon le monde serait un serpent se mordant la queue, un Quetzalcóatl malade. La recherche du sens, animant cet adorateur, le fait penser au destin. Au hasard. Il recherche les clefs du monde, essaye de comprendre pourquoi il existe, où il va, et où il doit aller. Il se retrouve donc confronté à Dieu. Il cherche à comprendre ce Dieu, savoir pourquoi il a agit de cette manière en créant le monde. Il se place dans l'idée que tout à un sens, alors que le chaos seul pourrait être maitre sans que cela ne change rien.  Dans la recherche de l'Ordre, il en identifie les outils. Et il place la couleur propre en tant que pierre angulaire de sa vision. Cette couleur propre, ce qui au final revient à dire l'âme.
                    Poussons la réflexion plus loin : pourquoi les adorateurs aiment-ils le blanc, la pureté? Il n'existe aucune couleur propre qui ne soit blanche, et de ce fait aucun être qui soit pur. Seule l'union permet le blanc. Mais c'est un blanc temporaire, un blanc presque noir tellement il n'est pas naturel. Car, ne nous voilons pas la face, il y a toujours des tricheurs dans la communauté. Il n'existe pas un seul peuple, pas un, qui ne crée le blanc du mélange de ses couleurs propres : tous usent du soleil. C'est bien plus simple. Alors non, ce ne sont pas des adorateurs blancs par leur union, mais de simples imitateurs du soleil, simplement groupés. Rien de bien différent des simili soleils. Mais, tentons l'impossible, imaginons que deux personnes s'avèrent avoir des couleurs complémentaires. Alors leur union créera la blancheur, et leur éclat surpassera celui du soleil. Car oui : sans user d'imitation, sans voler la lueur de l'astre, deux êtres peuvent eux-mêmes produire le blanc pur. Là réside une beauté propre à l'adorateur, une beauté qui est et restera à jamais inaperçue d'eux. A croire que le soleil les a rendu aveugles.
                    Mais trêve d'utopies inutiles. Nous avons le soleil, et cela est bien assez. Revenons à notre adorateur, et appelons le "sage" pour plus de commodités. Comment doit-il réagir? Il a touché la conscience même de l'adorateur, sa raison d'être, la Vérité. Il se doit de le dire à quelqu'un, lui montrer la voie, lui apprendre. Et c'est là qu'apparaissent les regrets.
                    Tout d'abord, le sage n'est plus attiré par le soleil. Il ne l'aime plus : ce n'est qu'un imposteur, une image erronée de la perfection, un hypocrite. Il s'est alors détourné de son éclat, et sa peau n'est plus brillante; à vrai dire, cette brillance le fait bien rire désormais, puisqu'elle est vulgaire, universelle et tellement commune, en comparaison à la couleur propre. Plus que cela, il ne tire plus aucun plaisir à regarder le soleil. Quelque chose s'est brisé en lui, la Vérité l'ayant changé, l'ayant fait évoluer. Il n'est plus dupe, ne peut plus être dupe. Il est l'esclave de son savoir. De ce fait, le sage se présente à son congénère, mât. Et bien entendu, se fait rejeter. Logique, puisqu'il est laid : la pupille de son interlocuteur n'a que faire d'une lueur qu'il ne voit même pas, puisqu'elle est effacée par le soleil environnant. Alors le sage lui demande d'entrer dans l'ombre, pour lui montrer. Le congénère refuse, rit et s'en va. Et son attitude est représentative de tout son peuple. Le sage ne peut être qu'incompris.
                    Il ressent de la solitude. Déjà, il sait être le porteur d'une couleur unique : il n'a pas de semblables. Ensuite, il est rejeté, et cela le fait souffrir, lui qui est pourtant l'égal de tout autre, une fois mis à l'ombre. Alors, deux consolations s'offrent à lui : oublier, ou rêver de sa couleur complémentaire. Mais cela n'est pas la question de cette allégorie : personne n'a que faire du bonheur du sage.
                    Le sage, observant les couleurs, apprend à distinguer les autres, à les catégoriser tout en gardant leur unicité : il ne fait tout simplement que les comprendre là où eux ne savent même pas qu'ils possèdent cette âme. Et il se fait deux sortes d'amis : ceux s'approchant de sa couleur propre, et ceux s'approchant de sa couleur complémentaire, qu'il rêve toujours de rencontrer. Ceux-là aussi l'apprécient : leur inconscient perçoit sa couleur propre, et cette appréciation entre en conflit avec l'absence de luminosité, le sage restant mât par choix. Alors, pour se protéger, ils ne cherchent pas à comprendre, ils jugent : c'est bien plus aisé. Le sage passe pour un fou, sympathique mais pas dangereux. A vrai dire, il n'est dangereux que pour lui-même.
                    Ainsi vit le sage, portant le fardeau de la Vérité. Un jour, une autre couleur qu'il apprécie, prise de pitié pour lui, tente de le faire briller. Lui offrant son aide et ses conseils, elle est persuadée du bien qu'elle apporte. Et de cela émerge la Déchirure. Faut-il que le sage oublie ce qu'il sait, qu'il dissimule son âme derrière celle du soleil universel, ou bien qu'il persiste dans sa Vérité, qui n'éveille pas en lui le bonheur aseptisé présent chez les autres? Car oui, c'est un peuple heureux, là où lui est triste. Alors, la déchirure de son âme l'engloutit dans la douleur. Le monstre Vérité engloutit une proie bien trop faible pour la vie. Et là, au fond du gouffre, seul avec lui-même, le sage perçoit une Vérité terrible, qu'il se répugne à croire.
                    La lumière détruit l'âme.
                    L'exposition trop prolongée au soleil fait disparaître peu à peu la couleur propre des adorateurs, jusqu'à la faire s'éteindre. Définitivement. Elle les rend morts de l'intérieur. Bien sûr, ceux qui se sont le plus exposé au soleil sont ceux les plus touchés, ceux les plus sombres en leur être. Ironique, pense le sage, que le soleil soit celui qui apporte les ténèbres. Mais d'où vient donc ce soleil? Quel être pervers, quel esprit ou force l'a placé haut dans ce ciel, piège tellement attrayant? Qui a condamné les adorateurs à la noirceur? Qui donc? Quoi?
                    Le sage n'a pas de réponses. Il ne sait même pas si ce qu'il sait est juste. Mais il discerne les contours d'un ennemi capable de détruire sa couleur propre. Et il ne se laissera pas faire. Alors il écrit une allégorie.
                    Recontextualisez. Et ouvrez réellement vos yeux.

                   

    Je ne vous demande pas de devenir des sages, je ne souhaite pas partager cette tristesse.

    Je vous demande simplement de le comprendre,

     

    de me comprendre.

  • Dissertation - "La conscience est-elle naturellement morale?"

       Chaque être vivant possède une conscience, que celle-ci inspire tout simplement l'inlassable lutte pour vivre des végétaux, par exemple, ou les sentiments et les réflexions humaines. Mais l'être humain est le seul à avoir pris conscience de cette conscience, et c'est cette prise de conscience que l'on appelle la conscience, différente d'une conscience puisque la conscience englobe et comprend toute conscience, qui n'est que l'expression d'idées et d'instincts. Nous nous demandons si la conscience est naturellement morale, c'est à dire si la compréhension du monde telle que nous la possédons est orientée pour nous faire agir de manière juste, si elle respecte des valeurs morales qui visent à améliorer la vie en général.

       

       La conscience, telle que nous l'avons évoqué précédemment, est donc un outil, est le mécanisme nous permettant de comprendre et d'observer le monde tel qu'il existe réellement. Il parait donc logique de considérer que cette conscience est le reflet de la vérité apportée à l'état d'idée, et non plus de sensations, d'images ou de sons qui nous parviennent, et qui sont nos seuls indices sur ce qu'est le monde réel. Descartes défendait que la pensée, donc la conscience, est le seul élément qui ne soit pas dépendant de l'extérieur, et c'est de cela qu'il tira le "cogito ergo sum"; mais la conscience est au contraire le reflet remodelé de la réalité, exprimé sous la forme de pensée et présenté comme une interprétation qui trop souvent est méprise comme étant une invention. De ce fait, la morale ne peut être à l'encontre de ce qu'on lui apporte, tout du moins elle ne peut l'être volontairement. La conscience est donc morale dans le sens où elle est construite sur le monde existant, monde qui aura imposé ses valeurs comme étant morales. Bien que la moralité soit relative (à la société par exemple), la conscience sera toujours aussi morale que le monde qu'elle reflète.

      Le premier paradoxe que rencontre cette conscience apparaît lorsque celle-ci prend conscience de l'être qu'elle habite, puisque c'est elle-même, ou plutôt les consciences sous-jacentes telles que l'envie d'exister et les besoins primaires, qui dirigent et contrôlent ce "moi". Cette conscience du "moi" est paradoxale car elle n'est plus conséquence mais cause. Et c'est là qu'apparaît l'instabilité, l'indécision sur le fait de conserver la morale dans les actes ou non, car il n'existe rien qui nous pousse à la respecter, sauf l'éducation. Et encore, la conscience se retrouve confronté au choix de respecter ou non cet ordre. Et pourtant, elle doit faire un choix, qui sera le plus souvent le choix de la facilité. La conscience reflète donc la moralité mais ne décide pas toujours de la respecter quand il s'agit d'"être", de se positionner dans le monde. C'est ce hasard, ce choix influencé par la facilité, qui différencie le délinquant du conservateur.

     

       La conscience ne fait pas que traduire le monde réel : elle l'interprète. La preuve étant que l'on soit heureux ou malheureux dans un environnement. Et, dans la majeure partie des cas, l'être va rechercher le bonheur, bien que celui-ci dépende parfois d'actes immoraux. La conscience incite donc parfois à changer son environnement pour la recherche du bonheur personnel, et ce en dépit de celui des autres. C'est là que se révèle le caractère immoral de la conscience : bien qu'elle sache pertinemment qu'il existe des semblables à elle, elle n'hésite pas à les détruire pour son propre bonheur. Et pourquoi cela? Tout simplement car elle en a la possibilité, et justement car ce pouvoir est temporaire, limité par la mort. La conscience connaissait le carpe diem bien avant les hommes. Faire quelque chose car l'on existe s'est transformé en faire quelque chose pour exister.

       De ce fait, l'homme est devenu jaloux : le monde l'environnant existe sans lui, lui n'existe qu'à travers son corps, le reste ne lui appartient pas, lui est étranger. C'est cette impuissance que je nomme "mauvaise conscience", qui s'amplifie, comme celle exposée par Nietzsche, au contact de l'homme et par sa mise en confrontation avec sa propre impuissance, ses propres limites, ses propres interdits. L'homme, mit face à sa solitude, cherche alors son unicité, ces idées qu'il façonnera pour devenir sa propre morale, mélange de ce qu'il a rencontré et choisi. Selon l'importance de son mal-être, il tentera alors ou non de l'imposer aux autres, se positionnant en chef de groupe porteur de vérité, dictateur ou prophète. Hitler et Jésus apportaient leur propre morale, et l'ont partagé au monde. La conscience porte donc la morale du monde, mais aussi celle de l'homme, et c'est la compatibilité entre ces deux morales qui va déterminer qu'un homme soit ou non moral.

     

       Tout bien considéré, la conscience est donc le seul lien entre nous-même et le monde réel. Pour savoir si elle est ou non naturellement morale, il faut la comprendre elle-même. Imaginons un monde sans conscience : tout existe de la même façon que dans notre monde, mais les êtres y habitant n'ont pas conscience de ce qu'ils font. Ils ne connaissent donc pas la vérité du monde, n'ont pas de choix à faire; ils ne peuvent se sentir heureux ou tristes, ou, si tel est le cas, ils ne peuvent savoir ce qui les rend heureux et donc le rechercher, ni l'imposer aux autres. En fait, ils ne souhaitent rien, car rien n'a d'intérêt : ce qu'ils font n'a pas d'impact. Ils sont comme morts. C'est donc là le grand pouvoir de la conscience : créer un intérêt, un but, un sens à la vie. Etre conscient est savoir que l'on est vivant, et souhaiter continuer de l'être, le plus souvent.

       La morale a donc été créée par la conscience, elle en est une conséquence. La conscience cherche à nous égayer par la création de concepts tels que la moralité. Une fois la réponse trouvée, l'on se rend compte qu'une autre question se présente, et ainsi de suite. Ma conscience m'a poussé à écrire ces lignes, car je suis vivant, et vivant car j'ai une conscience. La preuve irréfutable de cette supercherie : il suffit de réfléchir un peu pour s'apercevoir que les concepts n'existent que dans les mots. Qu'est-ce que la morale? Existe-t-il une bonne et une mauvaise morale? Qu'est-ce qui est bon ou mauvais? Doit-on préférer ce qui est bon? Doit-on accéder à nos préférences? ... etc. Cette conscience, qui apporte des questions sans réponses, crée le sentiment de vie.

     

       La conscience est donc bien morale, et même doublement morale puisqu'elle reflète la morale du monde, et construit et partage la morale personnelle, qui peut être immorale. La conscience est donc à la fois morale et immorale, puisque de plus c'est elle qui crée ces valeurs dans l'optique de donner un sens à la vie. La conscience est tout ce qui est compris, car ce que l'on comprend est soit ce que l'on construit, soit ce à quoi nous sommes confrontés, et la conscience reflète tout cela. La conscience n'est donc peut-être pas morale, en "vérité", mais elle est tout ce que nous comprenons de la moralité, ce qui est suffisant à un homme pour affirmer que la conscience est morale.