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Dissertation - "La conscience est-elle naturellement morale?"

   Chaque être vivant possède une conscience, que celle-ci inspire tout simplement l'inlassable lutte pour vivre des végétaux, par exemple, ou les sentiments et les réflexions humaines. Mais l'être humain est le seul à avoir pris conscience de cette conscience, et c'est cette prise de conscience que l'on appelle la conscience, différente d'une conscience puisque la conscience englobe et comprend toute conscience, qui n'est que l'expression d'idées et d'instincts. Nous nous demandons si la conscience est naturellement morale, c'est à dire si la compréhension du monde telle que nous la possédons est orientée pour nous faire agir de manière juste, si elle respecte des valeurs morales qui visent à améliorer la vie en général.

   

   La conscience, telle que nous l'avons évoqué précédemment, est donc un outil, est le mécanisme nous permettant de comprendre et d'observer le monde tel qu'il existe réellement. Il parait donc logique de considérer que cette conscience est le reflet de la vérité apportée à l'état d'idée, et non plus de sensations, d'images ou de sons qui nous parviennent, et qui sont nos seuls indices sur ce qu'est le monde réel. Descartes défendait que la pensée, donc la conscience, est le seul élément qui ne soit pas dépendant de l'extérieur, et c'est de cela qu'il tira le "cogito ergo sum"; mais la conscience est au contraire le reflet remodelé de la réalité, exprimé sous la forme de pensée et présenté comme une interprétation qui trop souvent est méprise comme étant une invention. De ce fait, la morale ne peut être à l'encontre de ce qu'on lui apporte, tout du moins elle ne peut l'être volontairement. La conscience est donc morale dans le sens où elle est construite sur le monde existant, monde qui aura imposé ses valeurs comme étant morales. Bien que la moralité soit relative (à la société par exemple), la conscience sera toujours aussi morale que le monde qu'elle reflète.

  Le premier paradoxe que rencontre cette conscience apparaît lorsque celle-ci prend conscience de l'être qu'elle habite, puisque c'est elle-même, ou plutôt les consciences sous-jacentes telles que l'envie d'exister et les besoins primaires, qui dirigent et contrôlent ce "moi". Cette conscience du "moi" est paradoxale car elle n'est plus conséquence mais cause. Et c'est là qu'apparaît l'instabilité, l'indécision sur le fait de conserver la morale dans les actes ou non, car il n'existe rien qui nous pousse à la respecter, sauf l'éducation. Et encore, la conscience se retrouve confronté au choix de respecter ou non cet ordre. Et pourtant, elle doit faire un choix, qui sera le plus souvent le choix de la facilité. La conscience reflète donc la moralité mais ne décide pas toujours de la respecter quand il s'agit d'"être", de se positionner dans le monde. C'est ce hasard, ce choix influencé par la facilité, qui différencie le délinquant du conservateur.

 

   La conscience ne fait pas que traduire le monde réel : elle l'interprète. La preuve étant que l'on soit heureux ou malheureux dans un environnement. Et, dans la majeure partie des cas, l'être va rechercher le bonheur, bien que celui-ci dépende parfois d'actes immoraux. La conscience incite donc parfois à changer son environnement pour la recherche du bonheur personnel, et ce en dépit de celui des autres. C'est là que se révèle le caractère immoral de la conscience : bien qu'elle sache pertinemment qu'il existe des semblables à elle, elle n'hésite pas à les détruire pour son propre bonheur. Et pourquoi cela? Tout simplement car elle en a la possibilité, et justement car ce pouvoir est temporaire, limité par la mort. La conscience connaissait le carpe diem bien avant les hommes. Faire quelque chose car l'on existe s'est transformé en faire quelque chose pour exister.

   De ce fait, l'homme est devenu jaloux : le monde l'environnant existe sans lui, lui n'existe qu'à travers son corps, le reste ne lui appartient pas, lui est étranger. C'est cette impuissance que je nomme "mauvaise conscience", qui s'amplifie, comme celle exposée par Nietzsche, au contact de l'homme et par sa mise en confrontation avec sa propre impuissance, ses propres limites, ses propres interdits. L'homme, mit face à sa solitude, cherche alors son unicité, ces idées qu'il façonnera pour devenir sa propre morale, mélange de ce qu'il a rencontré et choisi. Selon l'importance de son mal-être, il tentera alors ou non de l'imposer aux autres, se positionnant en chef de groupe porteur de vérité, dictateur ou prophète. Hitler et Jésus apportaient leur propre morale, et l'ont partagé au monde. La conscience porte donc la morale du monde, mais aussi celle de l'homme, et c'est la compatibilité entre ces deux morales qui va déterminer qu'un homme soit ou non moral.

 

   Tout bien considéré, la conscience est donc le seul lien entre nous-même et le monde réel. Pour savoir si elle est ou non naturellement morale, il faut la comprendre elle-même. Imaginons un monde sans conscience : tout existe de la même façon que dans notre monde, mais les êtres y habitant n'ont pas conscience de ce qu'ils font. Ils ne connaissent donc pas la vérité du monde, n'ont pas de choix à faire; ils ne peuvent se sentir heureux ou tristes, ou, si tel est le cas, ils ne peuvent savoir ce qui les rend heureux et donc le rechercher, ni l'imposer aux autres. En fait, ils ne souhaitent rien, car rien n'a d'intérêt : ce qu'ils font n'a pas d'impact. Ils sont comme morts. C'est donc là le grand pouvoir de la conscience : créer un intérêt, un but, un sens à la vie. Etre conscient est savoir que l'on est vivant, et souhaiter continuer de l'être, le plus souvent.

   La morale a donc été créée par la conscience, elle en est une conséquence. La conscience cherche à nous égayer par la création de concepts tels que la moralité. Une fois la réponse trouvée, l'on se rend compte qu'une autre question se présente, et ainsi de suite. Ma conscience m'a poussé à écrire ces lignes, car je suis vivant, et vivant car j'ai une conscience. La preuve irréfutable de cette supercherie : il suffit de réfléchir un peu pour s'apercevoir que les concepts n'existent que dans les mots. Qu'est-ce que la morale? Existe-t-il une bonne et une mauvaise morale? Qu'est-ce qui est bon ou mauvais? Doit-on préférer ce qui est bon? Doit-on accéder à nos préférences? ... etc. Cette conscience, qui apporte des questions sans réponses, crée le sentiment de vie.

 

   La conscience est donc bien morale, et même doublement morale puisqu'elle reflète la morale du monde, et construit et partage la morale personnelle, qui peut être immorale. La conscience est donc à la fois morale et immorale, puisque de plus c'est elle qui crée ces valeurs dans l'optique de donner un sens à la vie. La conscience est tout ce qui est compris, car ce que l'on comprend est soit ce que l'on construit, soit ce à quoi nous sommes confrontés, et la conscience reflète tout cela. La conscience n'est donc peut-être pas morale, en "vérité", mais elle est tout ce que nous comprenons de la moralité, ce qui est suffisant à un homme pour affirmer que la conscience est morale.

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