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Muse - Dead Inside

Paroles, traduction, musique, clip : http://www.lacoccinelle.net/970519.html

Cette musique ouvre le bal de l'album Drones, en donne immédiatement la couleur et le ton, et nous fait entrer dans l'histoire telle qu'elle nous est offerte - telle que je l'ai compris - une histoire qui se déroule tout au long de l'album, et qui s'achève de deux manière différentes. On suit à travers les musiques la progression d'une personne inconnue, qui est à la fois tout le monde et n'importe qui, subissant les épreuves de la société et de l'Homme dénoncés par Matthew Bellamy - enfin, je le répète une ultime fois, tout ce que je dis n'est qu'interprétation personnelle, je n'utilise ce genre de tournure que par conviction personnelle, je suis pleinement conscient de la complexité souhaitée par Matt et du fait que je ne la saisirai jamais complètement. Dead Inside introduit donc l'élément perturbateur de ce court récit, nous plongeant immédiatement dans le chaos et l'instabilité inhérent à ce concept. Le thème est bien évidemment l'Amour, et plus précisément l'Amour à sens unique, fait palpable dans le rythme saccadé, magnifiquement illustré par le danseur au début du clip. Cette chanson est une lamentation, un cri de douleur, un appel à l'aide, mais bien plus que ça car c'est un appel à l'aide qui a conscience de sa propre inutilité; elle sonne donc comme un constat d'échec, comme des derniers mots que l'on lance avant de sombrer.

Le personnage principal - appelons le D, ce sera plus simple et plus rapide - alterne paroles d'être charmé et paroles d'être désillusionné. L'être décrit par la musique - appelons la Elle - se résume en fait très simplement : divine en apparence, morte à l'intérieur. Ce texte réveille un point décisif de notre société : la beauté en tant qu'arme. D est fasciné par Elle, ce qui le rend dépendant, obéissant, servile, et finalement souffrant. Et les paroles lient ici ce pouvoir à la condition d'être "Dead Inside", comme si les deux étaient liés, dépendants l'un de l'autre. Cette musique est la dissociation de l'être et de l'apparence, chose inadmissible pour D qui n'arrive pas à admettre cette réalité. Dans cette non-acceptation, il passe de l'expectative à l'imitation, et devient à son tour un "Dead Inside", supposant donc que cette condition est transmissible, créant une boucle dans la musique, qui s'achève comme elle a commencé. On peut imaginer que l'histoire ce répète ensuite, avec D à la place d'Elle; la suite de l'histoire, telle qu'elle nous est offerte dans l'album avec Psycho, approfondit la possibilité d'un être qui ne contamine pas les autres, mais qui se perd lui-même dans la douleur, et dans la solitude.

Le clip est assez fascinant dans le sens où la confrontation est silencieuse. Aucun mot, uniquement un jeu de corps. Dans leurs mouvements, on voit un homme qui s'approche, qui désire, qui se soumet; on voit une femme intéressée, qui s'ouvre et se ferme indéfiniment, qui ne laisse pas sa proie partir, puis qui l'achève sans prévenir. Les drones qui survolent la pièce annoncent la suite de l'album; ce sont les charognards qui attendent la fin fatidique de cette danse macabre, pour récupérer les débris d'un homme qu'ils feront Psycho. Ils symbolisent la puissance qui sait, la puissance qui approuve, la puissance qui profite, la menace invisible ignorée de tous. 

Je l'ai déjà dit, cette musique est pour moi la frustration d'un Amour à sens unique. On observe la transformation de l'Amour en malveillance. De plus, on constate un fait de l'être humain qui me semble tout à fait incroyable : le dévouement. D est capable des meilleurs choses, il aurait pu devenir le meilleur des hommes si Elle le lui avait demandé; mais Elle a joué avec D, s'est lassée de lui, l'a abandonné; et l'abandon n'a pas brisé le dévouement. Si D devient Dead Inside, s'il est cruel, sans cœur, mauvais, c'est avec d'autres personnes, des personnes à qui il n'est pas dévoué. Son seul remède est, à mon sens, Elle. Mais Elle ne sera jamais sienne, et là est la tragédie de la musique. D'où la malveillance pour soigner la douleur. Un cycle qui ne semble pouvoir se finir. 

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