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Lettre 12

 

                               Le 4 aout 2015,

 

                                                                                                                                                             Rose,

 

                Je ne comprend pas pourquoi tu me fais ça. Une fois rentré, j'ai écouté ton message sur mon répondeur, et j'ai encore du mal à appréhender le sens de tes mots : tu veux donc que l'on ne se revoit plus? Jamais? Qu'ai-je fait pour mériter cela? Il est vrai que je t'ai laissé un mois durant, mais je t'ai envoyé des messages, tu aurais pu m'appeler n'importe quand, le lien n'était pas totalement rompu. D'ailleurs, as-tu reçu mes lettres? J'ai bien peur que non, les services postiers auxquels j'ai eu affaire dans ces pays lointains ne m'inspiraient absolument pas confiance. Mais même si tu n'as rien eu de moi, aucune nouvelle, tu aurais pu m'appeler; enfin, tu sais que je suis tout à toi ! Je te supplie, dis moi ce que j'ai fait de mal, dis moi donc; t'ai-je blessé de quelque manière? Ai-je manqué à un de mes devoirs? Comment ai-je failli?

                Je suis allé à ton appartement dès que j'ai su. Là, tu n'y étais pas, tout semblait vide. J'espère que, lorsque tu reviendras, si tu reviens un jour, tu liras cette lettre et comprendras que je ne puis vivre sans toi. Par ailleurs, tes voisins n'ont rien voulu me dire à ton sujet, ils ont même été jusqu'à nier le fait que tu aies habité ici - bien que je sache que tu as vécu ici pendant plus de cinq ans, tu me l'as dis l'autre jour. Tu leur as surement demandé de ne rien me dire, pour que je ne puisse pas te retrouver... Ca fait mal, tu sais.

                Ca fait terriblement mal. Je sens que ma tête est sur le point d'exploser. Peut-être devrais-je aussi arrêter de la frapper contre les murs, mais je ne vois pas de raisons suffisantes pour ne plus le faire. Etrangement, je préfère que la douleur vienne de mon corps, de mes os, des bleus que je pourrais me causer, plutôt que de mon esprit, de mon imagination qui me souffle à l'oreille les raisons de ton abandon. Car j'imagine bien ces raisons; à vrai dire, plus j'y réfléchis, plus ta décision semble être parfaitement logique et justifiée. J'étais devenu trop envahissant, étouffant, je venais partager ma vie avec toi, alors que tu ne désirais pas tout cela. Tu ne m'as jamais aimé. La distance a dû te faire entendre raison, tu as récupéré ton sens des priorités, et tu t'es arrangée pour que nous ne nous revoyions plus jamais. Aussi simple que cela.

                Tu as certainement dû déménager chez Lui. C'est là que tu dois être la plus heureuse. Près de l'homme que tu aimes. Lui. J'ai réfléchis à ce terme, "Lui", et j'ai trouvé cela amusant : ce mot peut désigner absolument n'importe quel homme sur Terre, excepté moi. "Lui", qui peut être tout aussi bien le vieillard parti acheter son pain, ou alors ce jeune homme qui fait son jogging dans la rue. Mais pas moi. Là sont les racines de notre Tragédie. De ma Tragédie, à proprement parler. Mais quel égoïsme ! Te savoir heureuse ne me suffit pas, il me faut te savoir heureuse avec moi. Ce n'est donc pas ton bonheur qui me préoccupe, il s'agit juste du mien. Je ne fais que cacher cette vérité sous un tas de mensonges altruistes. Je me dégoute.

                Je ne vais pas chercher à te retrouver. De toute façon, te connaissant, je n'y arriverais pas. Tu serais capable d'être  invisible au milieu même d'une foule. Je vais réfléchir. Me poser des questions sur moi-même, sur ce que je suis, ce que je veux et ce que je dois faire. Essayer de comprendre pourquoi je t'ai aimé - pourquoi je t'aime ! - et pourquoi ce ne fut pas réciproque - et ne le sera jamais, selon tes dires. J'ai tellement l'impression de passer à côté de ma vie, en passant à côté de toi... J'aimerais tellement me battre pour toi, te montrer une fois de plus que je t'aime plus que tout, mais j'ai peur que cela soit vu de ta part comme un harcèlement, je vais donc bâillonner mes sentiments. C'est tout ce que je peux faire. Respecter ta volonté.

                A partir de ce jour, je cesserai de t'importuner. Définitivement, et avec ton accord, cette fois.

 

 

                                                                                                                                                             M.S.

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