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Lettre 9

 

                               Le 1er juin 2015,

                                                                                                              Rose, ma pauvre Rose,

 

                Pourquoi ne me laisses-tu pas tomber? Pourquoi donc?

                J'ai écouté tes messages - un trop grand nombre de fois, d'ailleurs - et je ne comprend toujours pas. Je pensais pourtant avoir saisi la vérité, avoir enfin perçu la source du mal qui envenimait notre relation, avoir enfin assimilé cette information si simple et pourtant si dure : tu ne m'aimes pas et ne m'aimeras jamais. Il a même fallut que tu me révèles cette Première Réponse, pour que finalement je sois terrassé par la réalité. Ah, étais-je bête, te suppliant de tout me dire ! Si j'avais pu simplement, l'espace d'un instant, imaginer la douleur que cela créerait en moi... As-tu déjà souffert de tristesse, au point que ta tête semble être sur le point d'imploser? J'espère que non, sincèrement.  J'espère qu'il n'existe sur Terre aucune Première Réponse qui porte ton malheur.

                 A ce sujet, tu ne m'as pas dit comment il s'appelait; ne pas pouvoir mettre de nom à cet homme lui rajoute du charme, un charme teinté de mystère. De ce fait, incapable de ne pas nommer, comme tout bon humain qui se doit de penser, je me suis contenté d'un Lui. Lui, celui qui est entre toi et moi, Lui auquel je n'arrive surement pas à la cheville, Lui cet être qui vit la vie dont je rêve, Lui, Lui, Lui, ce mot qui hante mes jours et mes nuits depuis plus d'une semaine. Je pense à Lui à longueurs de journées; et je ne sais même pas s'il en vaut la peine ! Il doit être parfait, si tu l'aimes tant.                

                Que les choses soient claires : je ne te reproche absolument pas cet amour. Ô que non; si tu ressens pour Lui ce que je ressens pour toi, je comprend bien et respecte bien ce sentiment. Non, non, vois-tu, si je me suis retiré, si j'ai décidé de ne plus te parler, c'était pour te laisser seule avec lui, pour ne pas gâcher ton bonheur par ma présence. Oui, c'est m'a présence qui gâte tout ! Moi étant là, je crée le désordre dans ta vie, je viens renverser la stabilité d'une relation qui te satisfait visiblement. Et ne dit pas le contraire, ne cherche pas à m'excuser : je veux que cette stabilité s'effondre, je veux que tu sois heureuse non pas grâce à lui mais grâce à moi, ce sont des désirs qui me sont insufflés par mon amour, cet amour qui me dépasse toujours, cet amour qui fait de moi ton ennemi.

                Je t'en prie : crains cette passion qui vit en moi. Crains ce que je désire, crains ce que je peux faire, crains le bonheur que je te souhaite. J'ai beau savoir pertinemment que les projets qui me passent par l'esprit sont contraires à tes envies, je ne peux m'empêcher des vouloir les réaliser. Je suis déchiré entre des pulsions d'amour et des sanglots de raison. Et ta présence, tes mots, tout ce qui me parvient de toi font pencher la balance du mauvais côté. Je te supplie de bien vouloir me laisser, dans le cas contraire je ne puis refuser à mon être de t'aimer. Et même sans toi, je t'aime encore d'une force qui m'écrase au lieu de me porter.

                Je porte en moi une tristesse destructrice, une frustration qui déchire mon esprit. Fuis cette douleur, fuis ce malheur, fuis tout ce qui peut se rapporter à moi. Tout est perdu en moi, tout est voué à ton adoration, tout est instrument de ma perte, et de la tienne si tu ne t'extrais pas de cette toile que je tisse autours de moi. Je sens que mon esprit s'enferme dans des idées fixes, se persuade de pensées à la fois grandioses et tragiques, se plonge dans un univers d'abnégation du vrai pour la conservation du bon. Cet amour est d'une bonté... le diable n'a jamais porté de visage plus innocent. Bien que tous mes actes et mes pensées soient générosité et vertu, leurs conséquences ont pour noms malheur et chaos. J'entame une chute qui, je l'espère, me permettra de redevenir l'homme que j'étais, l'homme qui n'aime pas, l'homme qu'on n'aime pas.

                Je fais confiance à ton discernement pour identifier le danger que je représente,

 

                                                                                                                                                               M.S.

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