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Lettre 6

    Le 19 avril 2015,

                                                                                                                                             Ma chère Rose,

               

 

 

                Un flot incessant de pensées contraires assailli mon esprit, je ne sais que dire, quoi faire, ni par où commencer. J'aimerais te dire que je vais bien, pour ne pas te faire culpabiliser d'une douleur dont tu n'es pas réellement coupable, mais ces mots restent coincés dans le nœud de ma gorge serrée.  Cela faisait une éternité que je n'avais pas souffert comme cela... à vrai dire, je pensais avoir fait d'elle mon amie; après tout, quel mal y a-t-il à souffrir, si l'on ne peut faire autrement? Accepter celle-ci est source de calme, une bulle de raison dans un typhon de chaos. Mais pas ce matin, non. Voila donc l'autre face du monde que tu m'as fait découvrir. Mais mes paroles sonnent comme un reproche, je ne peux l'accepter, tout comme je ne peux m'en empêcher.

                Je ne sais pas ce qui m'a le plus affecté, dans tout ce qui s'est passé hier soir; était-ce ces longues heures passées à longer le fleuve, seul, titillé par l'envie de sauter pour en finir avec ton rejet? Etait-ce ces regards, des gens qui nous entouraient, quand je me suis levé en larmes pour quitter ce maudit restaurant? Etait-ce ces paroles réconfortantes que tu as maladroitement tenté de me dire en voyant ma détresse? Etait-ce ces quelques mots que tu as si bien prononcé, des mots si classiques et si terribles à la fois, cette simple phrase "Je ne partage pas les mêmes sentiments que toi, je suis désolée."? Ou bien était-ce tout simplement ce regard que tu m'as lancé après avoir fini ma lettre, ce regard dans lequel j'ai vu toute la tristesse et la douleur qui m'attendaient dans le futur que je vis à présent? Je n'aurai jamais du te faire lire ces mots, je me suis engagé dans une situation que je ne pouvais absolument pas gérer, une situation qui me dévore à présent.

                J'ai l'impression d'être sur un nuage, comme inconscient du monde qui m'entoure, comme endormi. Je ne porte plus de jugements, j'ai l'impression de subir mon corps qui se déplace dans cet univers soudainement étranger. Je pense bien que je serais resté toute la journée dans mon lit si je n'avais pas ressenti ce besoin de t'écrire, de te parler. Qui suis-je donc devenu pour ne penser plus qu'à cela? Je ne me reconnais plus. En fait, j'ai l'impression de ne même plus avoir conscience de moi-même, et cela ne me trouble même pas. Détaché de tout ce qui a un jour pu me soutenir... En chute libre, en quelque sorte.

                Une question me taraude plus que n'importe quelle autre : allons-nous continuer à nous parler, à nous voir peut-être? Maintenant que tu sais ce que j'ai en moi, je comprendrais parfaitement si tu souhaitais couper les ponts, et ne plus jamais me revoir. A vrai dire, je ne sais même pas comment je pourrais vivre cette situation, si tel est ton choix, mais je te prie d'être honnête avec moi. Tu l'as si bien été hier... Vois-tu, nous pourrions créer une relation basée sur l'honnêteté? Tu sais que je t'aime, je sais que tu ne m'aimes pas, et nous continuons de nous fréquenter avec cela à l'esprit. Nous sommes des êtres civilisés, nous pouvons dompter nos sentiments. A vrai dire, il n'y a que moi qui ai des sentiments à dompter. Si tu acceptes ce compromis, je te prierai d'être compréhensive; cet amour est d'une force que je ne comprend pas. Quand je pense que je pourrais l'utiliser pour te rendre heureuse... S'il te plait, reconsidère ce que tu penses de moi...

                Comme tu peux le voir, j'ai beaucoup de mal à ne pas te montrer mon affection. Je suis tellement faible... Je vais terminer ma lettre ici, j'ai trop peur de te supplier de m'aimer, je sais que tu ne le désires pas. J'ai conscience que ces mots sont peut-être les derniers que je t'adresse, si tu refuses de me revoir, et cela me terrifie. Prend bien le temps de réfléchir à la question avant de me répondre, elle est d'une importance capitale.

                Te vouant une adoration qui se veut bienveillante,

                                                                                                                                                                                            M.S.

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